Née à Québec en 1879, Blanche Alméras a fait ses études chez les Ursulines. Elle débute très tôt sa carrière de pianiste puisqu’on retrouve la talentueuse enfant dans certains événements publics comme des bazars. Elle a suivi des leçons de musique avec le professeur Gustave Chagnon, l’organiste Joseph-Daniel Dussault, le pianiste Arthur Letondal et l’organiste Romain-Octave Pelletier.
Lorsqu’elle vit à Montréal, on la retrouve à l’orgue de l’église des Pères du Très-Saint-Sacrement et, entre 1903 et 1909, elle joue également à la chapelle Sacré-Cœur de l’église Notre-Dame (aujourd’hui basilique Notre-Dame). Elle est également organiste suppléante dans d’autres lieux de culte. Durant cette période, Blanche Alméras participe à des concerts de charité et joue de l’orgue à des funérailles et à des mariages. Très active dans le milieu de la musique, elle enseigne également le piano et se produit lors de concerts au Québec et aux États-Unis.

Après son mariage en 1909 avec le docteur Paul Fournier, chirurgien-dentiste, elle s’établit à Saint-Hyacinthe où elle mettra au monde trois enfants. En tant qu’organiste de la chorale de la cathédrale, le public maskoutain a pu l’entendre lors des messes de minuit, de funérailles, des fêtes de Pâques et d’autres messes où la chorale, alors dirigée par Léon Ringuet, était sollicitée. En 1924, c’est elle qui est à l’orgue lors du sacre de Monseigneur Fabien-Zoë Decelles. Elle accompagne aussi la chorale au piano lors d’autres événements d’envergure comme la fête de la Sainte-Catherine qui a attiré 500 personnes à la salle du Patronage Saint-Vincent-de-Paul en 1920, ou encore les célébrations du 50e anniversaire de l’Union Saint-Joseph en 1925.

Elle retourne parfois à Montréal où son talent est aussi salué. Par exemple, en juin 1910, elle est au piano lors d’un événement musical qui a lieu au Monument national et, en 1913, elle est de retour à l’orgue de l’église des Pères du Très-Saint-Sacrement lors de la messe de minuit. À Saint-Hyacinthe, elle participe et organise des soirées artistiques au profit d’œuvres de charité où elle fait parfois venir des artistes de Montréal, comme c’est le cas en avril 1926 :
(…) la foule qui remplissait le vaste vaisseau de la cathédrale, a admiré, une fois de plus toute la maîtrise que possède éminemment Mme Dr J.-N. Paul Fournier. Mme Fournier est de ces artistes cachées pour qui l’art musical est une passion et une œuvre : sa science technique de l’orgue et sa sentimentalité musicale la placent depuis longtemps au rang de nos artistes les plus distinguées. Et nous nous en glorifions. Je m’en voudrais d’ailleurs de féliciter un talent qu’il n’a de rival que sa propre humilité. (…)
– Professeur J.-E. Paquin, « Le Désert à la cathédrale » dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 30 avril 1926, p. 5.
En 1917, elle a fondé la chorale Sainte-Cécile de la paroisse Notre-Dame-du-Rosaire dont elle assure la direction durant quelques mois avant d’en confier la responsabilité à Madeleine Charland. Elle demeure toutefois l’organiste de la chorale.
Durant cette période, il semble que la famille Fournier ait passé plusieurs étés dans une résidence secondaire qui fut mise en vente en 1930 :

Durant sa carrière, Blanche Alméras inaugure plusieurs orgues au Québec et aux États-Unis et il arrive que les journaux de l’époque rapportent l’événement :
Lundi soir dernier à Waterloo a eu lieu la bénédiction et l’inauguration d’un nouvel orgue en l’église paroissiale de Saint-Bernardin. Les MM. Casavant s’étaient assurés les services de la Chorale de St-Hyacinthe et Mme Docteur Fournier, de notre ville, s’était chargée de l’essai du nouvel instrument. Notre confrère Le Journal de Waterloo résume ses impressions comme suit :
« Mme (Dr) Fournier de St-Hyacinthe n’a pas démenti la haute réputation de son beau talent musical. Nous lui devons un chaleureux merci pour nous avoir fait éprouver de si douces et de si intenses émotions. La Chorale de St-Hyacinthe, sous l’habile direction du professeur distingué qu’est M. Léon Ringuet, a chanté avec maîtrise des pièces de maîtres. MM. Beauregard, Casavant et St-Germain, solistes, auraient soulevé des applaudissements si la majesté du lieu saint n’avait empêché les assistants de ce faire.
Le sermon de circonstance fut fait par Mgr l’abbé J.A. Vézina, du Séminaire de St-Hyacinthe. Le prédicateur a atteint les sommets de l’éloquence sacrée. »
– « Imposante solennité » dans Le Courrier de St-Hyacinthe, 3 janvier 1914, p. 3

En juin 1929, Blanche Alméras participe à une émission de radio à C.K.S.H. où elle offre un récital en direct de Casavant Frères pour faire entendre le son du « Pacifique Canadien » avant qu’il soit installé dans la salle de concert du prestigieux Hôtel Royal York de Toronto. Il s’agit du premier orgue à cinq claviers construit au Canada et il s’agissait, à l’époque, du plus grand au pays.
En 1929, la famille Fournier quitte sa résidence de la rue Girouard à Saint-Hyacinthe pour aller s’établir à Outremont sur le chemin Sainte-Catherine. Un an plus tard, le docteur Fournier décède et ses funérailles attirent ses anciens collègues chirurgiens-dentistes de différentes régions du Québec. Ces événements n’empêchent pas Blanche Alméras de conserver des contacts en sol maskoutain. En effet, en 1932, on la retrouve à la direction du programme musical pour un mariage célébré à la cathédrale et, en 1936, elle accompagne la soliste Simonne Quesnel lors d’une messe spéciale qui a lieu à l’église Notre-Dame-du-Rosaire.
Entre 1931 et 1946, on pouvait entendre Blanche Alméras jouer de l’orgue à la messe de 10h à l’église Saint-Germain d’Outremont. Lors de son décès, on pouvait lire à la première page du Courrier de Saint-Hyacinthe : « Grande perte pour le monde de la musique » où on la présente comme une musicienne accomplie. Ses funérailles ont été célébrées à l’église Saint-Germain d’Outremont le mercredi 20 novembre 1946.
D’après un article de Joëlle Thérien paru dans l’édition du 28 août 2025 du journal Le Courrier de Saint-Hyacinthe
Les informations historiques proviennent d’articles de journaux (Le Clairon, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, La Presse et La Patrie) consultés sur le site Internet de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.