Les Peignages LEBEAU ltée

Sur mon chemin d’école, je voyageais souvent par le sentier longeant le chemin de fer (quand ce n’était pas en marchant sur le rail!). Un établissement en bloc de ciment m’intriguait tant par sa structure que par ce qu’il pouvait contenir.

peignage Lebeau
Les Peignages Lebeau, bâtiment original tiré de Luc Cordeau et al. Saint-Pie, 1828-2003, une paroisse, un village, une ville, une histoire. Sherbrooke, Éditions Louis Bilodeau, 2003, p. 216.

Je ne connaissais rien de l‘existence de la manufacture de blocs de ciment qui existait dans ces parages dans les années 1910. Puis un jour, mon frère y a travaillé, ce qui m’a permis un aperçu de son intérieur. J’y ai aussi travaillé sur une très courte période. Ce furent, en fait, mes premières paies.

 

Fondé en 1948 par Amédée Lebeau, professeur à l’Institut des textiles de Saint‑Hyacinthe, l’entreprise s’installe tout d’abord dans un ancien poulailler. À la suite d’un incendie majeur, l’entreprise déménage rue Saint‑Paul dans l’ancienne usine de stores vénitiens de Monsieur Bousquet sise où se trouve aujourd’hui la Meunerie F. Ménard.

 

Cardage et peignage de la laine

Le livre de Saint‑Pie, 1828- 2003, nous informe que le procédé de fabrication qu’on y installe est une première au Canada : l’opération de cardage et peignage de la laine emploie le système français.

 

Ouvriers Peignage Lebeau
Ouvriers au travail tiré de Lus Cordeau et al., Op. cit.

Le processus comprend 5 étapes :

1) L’ouverture des balles, la mise en tas de la laine et la préparation du mélange de plusieurs balles.

2) Le cardage : opération consistant à séparer progressivement les fibres les unes des autres, à les paralléliser et à les mélanger. En sortie de carde, le voile de carde est transformé en ruban cardé, qui sera déposé dans un pot de carde.

3) L’étirage : deux passages suivent le cardage. L’opération d’étirage mélange plusieurs rubans cardés et poursuit la parallélisation des fibres.

4) Le peignage : opération essentielle pour nettoyer les rubans cardés étirés en enlevant les impuretés, les fibres très courtes, les boutons de fibres enroulées.

5) La dernière étape offre la présentation de la laine en ruban peigné pressé : à l’issue du peignage, le ruban peigné est déposé dans un pot. Ils procèdent ensuite à deux passages d’étirage, dont la fonction est de donner de la cohésion au ruban peigné final. À l’issue du deuxième passage, le ruban déposé dans un pot est pressé et ficelé sous la forme d’un top (ruban) de 10 kg environ qui pourront être filées en système laine. Pour tout connaître, consulter : https://lanatheque.fr/services/cardage-et-peignage-a-facon/

 

ruban paignée
Ruban peigné tiré du site Internet https://lanatheque.fr/services/cardage-et-peignage-a-facon/ (Page consultée le 17-04-2025)

La laine était importée d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Avec le temps, la manufacture s’est diversifiée dans les fils à tapis et les fils pour tricots.

 

Un travail d’équipe

Toutes ces années, Monsieur Lebeau fut constamment soutenu par son épouse Marie-Jeanne Beaudoin qui ajouta en complément une entreprise de pelotonnement de fils à tricoter. En ajoutant une boutique de vente d’articles à tricoter, elle a su partager sa passion avec plusieurs personnes de Saint‑Pie.

 

Amédée et Marie-Jeanne Lebeau
Amédée Lebeau (1915-2008 et Marie-Jeanne Lebeau (1921-2002) tiré de Luc Cordeau et al, Op. cit.

La compagnie fut vendue en 1973 aux Textiles Aronelle qui y poursuivirent les opérations durant 4 ans. Démolie en 1978, la bâtisse fit place à la 2e meunerie des Guertin.

 

Un article de Richard St-Pierre tiré de la chronique « Histoire et patrimoine » de l’Écho de ma ville (le bulletin municipal de Saint-Pie) paru en mars 2023.

 

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