Un historique de la Fête nationale du Québec

Tous savent que notre fête nationale et ses feux de joies trouvent leurs origines dans les festivités entourant le solstice d’été. De tout temps, les peuples nordiques ont fêté ce temps du calendrier où la lumière est à son apogée. L’Église s’est approprié cette fête païenne et l’Europe, la France principalement, l’a associée à Jean le Baptiste. C’est donc « française » qu’elle a suivi l’immigrant. La Conquête avait assombri sa solennité. Elle demeurait une simple tradition sans trop d’emphase.

 

À partir de 1827, Ludger Duvernay, éditeur de La Minerve, s’entoure d’amis où les conversations abordant le politique et la littérature, aboutissent à la revitalisation des fêtes de la Saint-Jean-Baptiste avec le but avoué de doter le peuple canadien-français d’une fête nationale. Tout cela se concrétise le 24 juin 1834 par un banquet mémorable où le nombre de toast portés me font encore bien rigoler et ne sont pas en reste avec nos célébrations modernes. Le succès de ce banquet a servi de levier à la propagation de la célébration de cette fête favorisant ainsi l’union des Canadiens-français.

 

Si la Rébellion des Patriotes freina la fête de 1838 à 1842, elle fut ravivée dès 1843 et enrichit de la devise « Rendre le peuple meilleur », par Duvernay qui fonde l’Association Saint-Jean-Baptiste. À Montréal a lieu le premier défilé à grand déploiement. Feux de joie et défilé deviennent inhérents à la Saint-Jean-Baptiste.

 

En 1878, l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal adopte un air national pour les Canadiens-français : À la claire-fontaine. Les associations profiteront du tricentenaire de la fondation de la ville de Québec pour demander la reconnaissance par l’Église de Saint-Jean-Baptiste comme patron des Canadiens-français. Le pape Pie X, dans un bref du 25 février 1908, déclare, pour perpétuelle mémoire : « Nous établissons, Nous constituons et Nous proclamons Saint Jean Baptiste patron spécial auprès de Dieu des fidèles franco-canadiens, tant ceux qui sont au Canada que ceux qui vivent sur une terre étrangère »[i] .

 

En 1925, le gouvernement de Louis-Alexandre Taschereau en fait un congé férié. Sa célébration se répand davantage en province et avec les années 30, des québécois d’autres origines s’intègrent timidement aux festivités.

 

En 1947 est créé la Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec et s’ensuit le 21 janvier 1948 l’adoption du fleurdelisé comme drapeau officiel du Québec. Il devient rapidement le symbole de l’appartenance au Québec.

 

En 1953, la nouvelle télévision française de Radio-Canada diffuse la parade de Montréal.

 

Dans les années 1960 et 1970, certaines représentations traditionnelles se transforment au rythme de la société de l’époque. L’aspect historique et religieux fait place aux représentations culturelles et artistiques contemporaines. Le Québec se définit de plus en plus comme une société distincte et le 24 juin est la journée par excellence pour le souligner.

Caricature Delatri,
Caricature Delatri, La Voix de l’Est, 23 juin 1979

En 1972, la Société devient le Mouvement national des Québécois. Ce mot national élargit vraiment la fête à la population totale du Québec. Le Québec a profondément changé. Saint-Jean-Baptiste est bien seul ! La caricature de Delatri, ci-contre, le démontre bien.

 

À partir du 24 juin 1975, les grands spectacles à Québec et Montréal deviennent des incontournables aux festivités. En 1977, on dira la Fête nationale du Québec, fête désormais fériée et chômée; donc tout travailleur aura ce congé payé et s’il doit travailler, il recevra obligatoirement son salaire en surplus. En 1978, le gouvernement du Québec crée la Corporation des fêtes du 24 juin et le Comité organisateur de la Fête nationale du Québec. Ce dernier dispose d’un budget pour soutenir tout organisme présentant des projets communautaires. Ce geste contribuera à rendre la célébration accessible au Québec tout entier.

Quarante-trois ans se sont écoulés et la Fête nationale a peut-être égaré Saint-Jean-Baptiste mais elle a aussi évolué de fête des Canadiens-français à Fête des Québécois.

 

 

À Saint-Pie, on célèbre la Saint-Jean-Baptiste depuis 1978, car la célébration du 150e de l’érection canonique marque le début de cette ère de fête perpétuée sans faille par les organismes communautaires et soutenue par le milieu industriel. Est-il nécessaire d’ajouter que Royale pyrotechnie clôture de façon éclatée cette belle journée et mérite nos éloges?

 

 

Un article de Richard St-Pierre tiré de la chronique « Histoire et patrimoine » de l’Écho de ma ville (le bulletin municipal de Saint-Pie) paru en juin 2021.

[i] François Drouin, CAP-AUX-DIAMANTS, No 26, Été 1991, pp 18-19.

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