Paul-Frédérique Payan, 1840-1919
Maire de la ville de Saint-Hyacinthe de 1910 à 1914
Né en France le 14 février 1840, Paul-Frédérique Payan était le fils de Louis Payan et de Sophie Suzanne Béranger. Dès l’âge de 12 ans, le jeune Payan travailla comme apprenti tailleur avec l’intention d’apprendre le métier. Mais en 1854, quand la guerre de Crimée éclata Louis Payan, qui avait servi dans l’armée de Napoléon Ier et avait accompagné l’empereur dans la plupart de ses campagnes, décida d’envoyer ses deux fils en Amérique. Il voulait leur épargner les peines et les privations de la guerre, d’autant plus que l’aîné avait déjà l’âge requis pour le service militaire.
Dès le 7 juillet, les deux frères Payan quittaient Le Havre à destination de New York. Ils laissaient à leurs parents la responsabilité de disposer d’un petit commerce de menus articles et de papeteries. Après une traversée de quarante-six jours, le Arlington accosta dans la baie de New York. C’est à ce moment que débuta l’anxiété : les deux jeunes Payan ne parlaient pas anglais. Ils éprouvèrent de multiples difficultés. Exploités par des aubergistes et malmenés par des fiers-à-bras, ils se hâtèrent de voyager vers Rousel’s Point pour enfin arriver à Roxton au Québec où leur beau-frère les accueillit avec une triste nouvelle. Leur sœur, l’épouse du Révérend Maurice Charbonnel, protestant, était décédée depuis quinze jours.
L’aîné des frères Payan se trouva un emploi comme menuisier et Paul-Frédérique se fit embaucher comme apprenti ferblantier. Conseillé par son beau-frère il abandonna ce métier et conclut un arrangement avec le propriétaire d’une petite tannerie. Il apprit ce nouveau métier et plus tard s’engagea dans une industrie de cuir plus importante à Roxton Falls. Il vint ensuite à Saint-Pie et à Saint-Hyacinthe. Maîtrisant bien cette nouvelle orientation, il avait gagné suffisamment pour fonder un foyer, et il épousa Louisa Tenny. Il ne put toutefois accumuler un capital important, car ses parents arrivèrent de France et il dut les aider à s’établir. Il expérimenta plusieurs commerces.
D’abord il entreprit de faire l’exportation, aux États-Unis, d’écorces de pruche pour le tannage. La compétition devint si forte qu’il fut forcé d’abandonner. Il ouvrit ensuite une épicerie à Granby. Après le décès de son épouse, il quitta cette ville, pour travailler comme agent d’un prospère commerçant.
Il revint à Saint-Hyacinthe pour s’y établir et épousa Olympe Duclos. En octobre 1873, il s’associa à son beau-frère, Silas Duclos, et ce fut le début d’une modeste tannerie, sur la rue Calixa-Lavallée près de la rivière. Ils étaient loin de se douter qu’ils posaient les fondations d’une entreprise destinée à devenir l’une des plus importantes du genre au Canada. En 1879, ils achetèrent la tannerie Côté et en 1882, leur production doubla. Au commencement, ils avaient opéré avec une quinzaine de manœuvres et plus tard ils eurent plus de deux cent cinquante employés, livrant des quantités de cuir au Québec et en Ontario et exportant en Angleterre. La tannerie Moseley de la rue Girouard était une succursale de la Société Duclos et Payan. Elle préparait des cuirs fins. L’établissement Moseley fut détruit par le feu, le 4 août 1897.
En plus de ses manufactures de Saint-Hyacinthe où l’on fabriquait des renforts, la compagnie possédait un important magasin de gros à Montréal où toutes les variétés de cuir qu’elle produisait étaient constamment exposées.
De 1880 à 1884, Paul-Frédérique Payan fut échevin de la ville de Saint-Hyacinthe et il en fut aussi le dixième maire, de 1910 à 1914, ayant défait monsieur Samuel Casavant par 137 voix de majorité. Il décéda le 24 octobre 1919.
Photo: CH478 Société d’histoire régionale de Saint-Hyacinthe (Collection).