L'élection de 1976
L’élection du 15 novembre 1976 au Québec a l’effet d’une secousse sismique à la grandeur du pays. Si l’option souverainiste existe dans l’esprit de plusieurs depuis le début des années 1960, elle devient beaucoup plus concrète cette année-là avec l’élection du Parti Québécois de René Lévesque, qui s’installe confortablement au pouvoir. Les libéraux de Robert Bourassa, en poste depuis six années, mordent la poussière en ne récoltant que 26 des 110 sièges disponibles à l’Assemblée nationale. Quant à l’Union Nationale, qui n’avait aucun représentant en chambre depuis 1973, elle connait un petit regain en faisant élire 11 députés. Le parti de Duplessis et Johnson est maintenant dirigé par Rodrigue Biron.
À Saint-Hyacinthe, le Parti Québécois a décidé de présenter contre le député libéral Fernand Cornellier, Charles-Henri Tremblay, l’un des sept premiers élus péquistes à l’élection provinciale de 1970. Tremblay avait alors été député de la circonscription de Sainte-Marie jusqu’à sa défaite à l’élection suivante, en 1973. Son adversaire libéral ne cesse d’appuyer sur le fait que Tremblay est un candidat parachuté et qu’il connait mal la circonscription. Pourtant, comme presque partout ailleurs en province, la victoire du candidat péquiste sur le candidat libéral semble évidente. Mais voilà qu’au beau milieu de la campagne électorale, le conseiller municipal de Saint-Hyacinthe, Fabien Cordeau, s’invite à la fête. Il se présente pour la moribonde Union nationale. Et il remporte la victoire par une maigre avance de 48 voies sur Tremblay. Le candidat péquiste demande d’ailleurs un recomptage judiciaire qui ne fait que confirmer la victoire de Cordeau.
Vie personnelle et professionnelle
Fabien Cordeau est né à St-Pie le 24 mars 1923. Il est le fils de Donat Cordeau, cultivateur et propriétaire de taxis et de Rhéa Poirier. Après des études au Séminaire de Saint-Hyacinthe, il s’engage dans les Forces armées canadiennes de 1943 à 1945. En 1947, il devient directeur de service à la Survivance, poste qu’il occupe jusqu’en 1976, l’année de son élection comme député. En 1956, il épouse Yvette Perreault. Après la défaite de 1981, il retourne à La Survivance où il demeure jusqu’à sa retraite en 1988. En plus d’avoir été député, il fut également conseiller municipal de 1973 à 1988. Le fait qu’il cumule les postes de député et de conseiller pendant 5 ans, cause un certain malaise car, si cette situation s’était souvent observée durant la première moitié du XXe siècle, elle était beaucoup plus rare à l’époque.
Outre ses occupations politiques, Fabien Cordeau s’implique beaucoup dans sa communauté. Il s’intéresse particulièrement au domaine agricole. Il sera, entre autres, directeur national de l’Association des expositions du Canada, en plus d’être secrétaire-gérant de l’Exposition régionale de Saint-Hyacinthe pendant neuf ans. Il sera, également, secrétaire de la Société d’agriculture de Saint-Hyacinthe.
À l'Assemblée nationale
Le chef de l’Union nationale confie à Fabien Cordeau le mandat d’être le porte-parole du parti en matière d’affaires municipales et d’environnement. Au sein de l’ancien parti de Maurice Duplessis, les choses se corsent cependant durant l’année 1979. En effet, en octobre, le chef Rodrigue Biron annonce qu’après le référendum de mai 1980, l’Union nationale pourrait céder le pas à un ralliement des forces de droite. Incrédule, Fabien Cordeau considère que rien n’est changé et il croit fermement que le parti survivra. Pour d’autres députés, comme Maurice Bellemare dans Johnson, il s’agit bel et bien d’un auto-sabordage annoncé. Le chef est alors contesté et il quitte le bateau en mars 1980. Il se joint au Comité du OUI. Michel LeMoignan, député de Gaspé, prend le relai par intérim. C’est la seule fois qu’un prêtre sera chef de parti au Québec.
Lors de la campagne référendaire, au printemps 1980, l’Union nationale fait partie de l’équipe du Non, mais sous la houlette du parti libéral, ce qui déplait à Cordeau et d’autres unionistes qui aimeraient proposer une alternative au Non et au Oui. Durant la campagne électorale de 1981, Fabien Cordeau tient à spécifier que son NON n’était pas une profession de foi au fédéralisme tel qu’on le connait mais bien à un fédéralisme renouvelé. L’élection de 1981 aura raison de l’Union nationale, alors dirigée par Roch Lasalle, qui disparait complètement. Dans Saint-Hyacinthe, Cordeau termine bon dernier, loin derrière les candidats du Parti Québécois et du Parti Libéral. Fabien Cordeau meurt à Saint-Hyacinthe le 27 septembre 2007 à l’âge de 84 ans.
Visionnez la capsule concernant les députés Fabien Cordeau et Maurice Dupré, animée par l'archiviste Anne-Sophie Robert.
Photo:
Fabien Cordeau, Collection du Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, CH548.
Le centre d'histoire remercie Madame Chantal Soucy, députée de Saint-Hyacinthe à l'Assemblée nationale, pour sa participation à ce projet.