Jeunesse
Henri Bourassa, le septième député provincial du comté de Saint-Hyacinthe est né à Montréal le 1ier septembre 1868. Il est le fils de Napoléon Bourassa, peintre, architecte et écrivain de grande renommée et d’Azélie Papineau, une fille du chef des patriotes, Louis-Joseph. Le petit Henri n’a que six mois lorsque sa mère meurt d’une grave fièvre. C’est sa tante, Ezilda Papineau, qui se chargera de lui et de ses frères et sœurs. Le jeune Bourassa a une enfance heureuse, passant ses hivers à Montréal et ses étés à Montebello. Il est éduqué principalement par des précepteurs qui développent sa curiosité intellectuelle. Il n’aime rien autant qu’assister aux discussions politiques qui ont souvent lieu dans le salon familial. En 1885, il s’inscrit à l’École polytechnique mais abandonne ses études après un mois. Il s’inscrit ensuite au Holy Cross College de Worcester au Massachussetts, mais encore une fois, il ne termine pas son cours. Bourassa ne sera donc pas un professionnel, ni un prêtre, ce qui ne l’empêchera pas de mener une carrière publique exceptionnelle.
En 1887, son père lui confie l’administration de la portion de la seigneurie de la Petite Nation qui fut léguée aux Bourassa par Louis-Joseph Papineau. Henri s’intéresse vivement à l’agriculture. Il construit une ferme modèle qu’il exploite jusqu’à la fin du siècle. On le décore de la médaille du mérite agricole en 1893. Par la suite, il présidera la Société d’agriculture du comté d’Ottawa. Il installera également des colons sur ses terres, ce qui donnera lieu en 1902, à l’établissement de la paroisse Notre-Dame-de-Bon-Secours.
Débuts en politique
En 1888, à peine majeur, il devient maire de Montebello. Il le demeurera jusqu’en 1894.Tout comme son père et surtout son grand-père Papineau, Henri Bourassa est très nationaliste. Il prône avec vigueur l’émancipation du Canada de l’Angleterre. La mort de Louis Riel en 1885 le marque profondément et lors du décès de John A. Macdonald en 1891, il refuse, en tant que maire de Montebello, d’exprimer ses condoléances pour celui qu’il accuse d’avoir été le meurtrier du chef métis. Ce geste d’éclat le fait remarquer à Ottawa et, quelques années plus tard, il accepte l’invitation de Wilfrid Laurier de se joindre aux libéraux, à la condition de conserver son indépendance d’esprit. En aucun cas, il n’appuiera une décision de son parti si elle va à l’encontre de ses idées. De même, il se refuse à accepter l’aide financière des libéraux lors des élections. Laurier, impressionné par la personnalité du jeune Bourassa, accepte ces conditions. Les deux hommes partageront pendant longtemps une profonde amitié mais leurs divergences politiques et l’intransigeance de Bourassa, qui n’est pas homme de compromis, auront raison de cette relation.
Député fédéral de Labelle
En 1896, il est élu dans Labelle. Dès le départ, il s’oppose à la position du ministre Israël Tarte sur les écoles françaises du Manitoba, un dossier qui lui tient à cœur. Il parvient à imposer un compromis, mais il perd de plus en plus confiance en son propre gouvernement. Il démissionne en 1899 lorsque Laurier, sans passer par la Chambre, décide de la participation du Canada à la guerre des Boers en Afrique du Sud. Il craint que l’envoi de ces soldats dans une guerre ‘étrangère’ sans l’accord du Parlement, ne crée un dangereux précédent. Il se réconcilie toutefois rapidement avec Laurier et il se présente à nouveau pour les libéraux dans Labelle aux élections de 1900 et 1904. En 1905, il épouse Joséphine Papineau, sa petite-cousine. Ils auront huit enfants.
Député provincial de Saint-Hyacinthe
Délaissant le terrain fédéral, Bourassa joint le mouvement de la Ligue Nationaliste au Québec. Il accuse le premier ministre libéral, Lomer Gouin d’avoir une politique de colonisation qui nuit aux Canadiens Français, les poussant presqu’à s’exiler vers les États-Unis. Bourassa se présente contre le puissant ministre des terres et forêts, Adélard Turgeon, lors d’une partielle dans Bellechasse en 1907. Il est battu mais il se reprend lors de l’élection générale l’année suivante et gagne dans deux comtés : Saint-Hyacinthe où il défait le libéral Joseph Morin par 36 voix et Saint-Jacques où il défait Lomer Gouin lui-même. Mais le premier-ministre ne perd pas son siège puis qu’il se présentait également dans un autre comté.
Bourassa sera malheureux à l’Assemblée législative. Il décrira ce passage au provincial dans ses Mémoires comme étant l’erreur capitale de sa vie publique. Lors de la campagne électorale dans Saint-Hyacinthe, Bourassa prône la séparation de la politique fédérale et de l’administration provinciale. Il entend également donner une impulsion vigoureuse à la colonisation dans le but de faire contrepoids à l’immigration étrangère. Il promet aussi de militer en faveur d’un système d’enseignement simple et gradué à la portée de toutes les bourses afin de former une classe d’artisans propre à toutes les industries. Toutefois, dans ses discours, il s’en prend souvent à Laurier, ce qui enrage les libéraux de la circonscription. Lors d’un événement tenu à Saint-Hyacinthe par le candidat Bourassa, il y a du grabuge et il doit s’esquiver après dix minutes. Une femme et deux hommes sont blessés dans l’aventure. Il faut l’intervention du maire Paul Payan, puis de la brigade d’incendie, pour calmer les esprits…
Après la politique...
Après un an, Bourassa se désintéresse presque complètement de la politique active. En 1912, il ne se représente pas dans Saint-Hyacinthe. La Ligue nationaliste que Bourassa s’est toujours refusé à ériger en parti dont il aurait été le chef, cesse d’être une force au Québec. Ce qui intéresse Bourassa, dès 1909, c’est son projet de fonder un journal nationaliste qui paraitrait sur une base quotidienne. Il a déjà été propriétaire-éditorialiste du journal L’Interprète de Montebello en 1892, et en 1895, il a fondé le journal Le Ralliement à Clarence Creek en Ontario. Il rédige régulièrement des articles dans plusieurs journaux du pays. En 1910, il fonde le journal Le Devoir, qui existe encore aujourd’hui. Il s’entoure de plusieurs collaborateurs de valeur dont Olivar Asselin, l’un des journalistes québécois les plus talentueux de l’époque. Le journal, dont la devise est Fais ce que dois, se targue depuis sa fondation d’être un journal indépendant, vœu principal de Bourassa pour son entreprise. Dès lors, Bourassa se consacre presqu’exclusivement à son journal. Toutefois, il se laisse convaincre par les électeurs de Labelle et, en 1925, il se présente une fois de plus au fédéral, mais cette fois comme indépendant. Il sera réélu jusqu’en 1935.
Jusqu’à la fin de sa vie, Bourassa demeure une personnalité respectée et écoutée. Il prend parti dans chacun des grands débats qui secouent le pays. C’est ainsi qu’il s’opposera fortement à la conscription lors des deux guerres mondiales. À l’automne 1944, il subit une thrombose qui le laissera grandement diminué. Il se retire alors complètement de la vie publique. Il meurt à Montréal le 31 août 1952.
Visionnez la capsule concernant le député Henri Bourassa, animée par l'archiviste Anne-Sophie Robert.
Photo:
Henri Bourassa en 1909, Collection du Centre d'histoire, CH001. Fonds du Séminaire de Saint-Hyacinthe.
Le Centre d'histoire remercie Madame Chantal Soucy, députée de Saint-Hyacinthe à l'Assemblée nationale, pour sa participation au projet.