Les élections du 12 septembre 1994 portent au pouvoir les troupes péquistes dirigées par Jacques Parizeau depuis 1988. L’élection est importante car le premier ministre a promis un référendum au cours de la première année de son mandat. À Saint-Hyacinthe, c’est Léandre Dion qui représente le parti et qui remporte le scrutin. Il sera député du comté durant 13 ans, un record depuis le départ de T.-D. Bouchard en 1944.
Vie personnelle
Léandre Dion est né à Sainte-Apolline-de-Patton le 13 juillet 1937. Il est le fils de Joseph Dion, menuisier, et de Maria Turcotte. En 1959, il obtient un baccalauréat ès arts de l’Université Laval. Six ans plus tard, il reçoit également un certificat en théologie du Séminaire de Medellin en Colombie. En 1989, il obtient un certificat en droit de l’Université de Montréal. Il travaille au Pérou comme responsable de pastorale de 1966 à 1968. De retour au pays, il devient apiculteur. Il sera d’ailleurs le Président fondateur de la Fédération des apiculteurs du Québec de 1978 à 1983. Il est également commissaire national à la Commission de protection du territoire agricole du Québec de 1985 à 1991.
L'élection de 1994
Il s’intéresse à la politique dès le début des années 1980, période durant laquelle il est conseiller municipal à Saint-Liboire. En 1983, il s’implique au Parti Québécois. Dix ans plus tard, il se présente à l’investiture du parti pour l’élection de 1994. Ses opposants sont Bernard Barré, le conseiller municipal de La Providence et Louise Cordeau, la fille de l’ancien député unioniste, Fabien Cordeau. Il remporte l’investiture puis l’élection, l’année suivante, contre Gabriel Michaud qui se présente pour le Parti libéral. Le député sortant, Charles Messier, a décidé de ne pas briguer les suffrages pour une troisième fois. Au niveau provincial, Jacques Parizeau devient premier-ministre du Québec tandis que les libéraux de Daniel Johnson fils retrouvent les banquettes de l’opposition. Le jeune Mario Dumont, co-fondateur de l’Action démocratique du Québec, jeune parti fondé par des libéraux mécontents de l’échec du Lac Meech, remporte le comté de Rivière-du-Loup.
Le référendum de 1995
Dès son élection, le Parti Québécois met les choses en place dans le but de remporter le référendum sur la souveraineté du Québec qui aura lieu le 30 octobre 1995. Parizeau et Lucien Bouchard, le chef du Bloc Québécois, parti souverainiste qui siège à Ottawa, seront, avec Mario Dumont, les principaux chefs du comité du Oui. Les deux représentants de Saint-Hyacinthe, Léandre Dion au provincial et Yvan Loubier, député bloquiste au fédéral, sont des souverainistes convaincus. Ils mènent tous deux une campagne acharnée dans le comté. Dion est convaincu que le projet de souveraineté doit s’accompagner d’un projet de société. Il croit que le peuple québécois ne consentira à la souveraineté que s’il a l’impression d’en retirer quelque chose de concret. Si, dans la province, le Non l’emporte par une mince majorité, à Saint-Hyacinthe le Oui obtient une majorité de 4400 voix. Yvan Loubier et Léandre Dion sont très fiers de ces chiffres, bien que déçus par le résultat global. Le lendemain du référendum, le premier ministre Parizeau, qui avait promis de quitter la politique si le NON l’emportait, démissionne. Lucien Bouchard quitte la chefferie du Bloc québécois et devient le nouveau premier ministre du Québec.
Implication dans le comté
Léandre Dion s’implique pleinement dans le comté. Il est apprécié de ses commettants car il ils le sentent près de leurs préoccupations. Par exemple, il anime une émission à la télévision communautaire pour faire découvrir aux électeurs les programmes du gouvernement dont ils peuvent bénéficier. Dans le cadre de son émission, intitulée Votre député à L’Assemblée nationale il invite également des acteurs de différents secteurs pour parler de leurs activités et faire connaitre leur organisme. À l’occasion, il n’hésite pas à dénoncer des politiques de son parti avec lesquelles il est en désaccord. Par exemple, il dénonce le projet de loi du ministre David Cliche sur l’épandage du lisier de porc car il le considère non-applicable. En 1997, il parvient à obtenir d’importants octrois pour l’agrandissement de l’École Professionnelle et pour des rénovations à l’Hôtel-Dieu.
Le grand verglas
Du 5 au 8 janvier 1998, Saint-Hyacinthe est ensevelie sous le verglas. À partir du 7 janvier, la ville connait un black-out complet. Plus personne n’a d’électricité. Les sinistrés doivent quitter leur demeure et se réfugier, qui au Cégep, qui à la Polyvalente Hyacinthe-Delorme. Le courant commence à être rétabli le 19 janvier mais dans certains cas, il fallut attendre 20 jours avant que les choses ne reviennent à la normale. Le maire Claude Bernier et le député Dion se montrèrent très pro-actifs, ce qui fut apprécié de la population. Samedi le 10 janvier, le premier ministre Bouchard, accompagné du ministre de l’Énergie, Guy Chevrette, se rend visiter les sinistrés de la Polyvalente pour leur souhaiter bon courage. Le mois de janvier 1998 restera gravé à jamais dans la mémoire de ceux qui ont vécu la crise du verglas.
Les élections de 1998
En novembre 1998, le gouvernement de Lucien Bouchard déclenche des élections. Depuis peu, l’ancien chef du Parti progressiste-conservateur au fédéral, Jean Charest est devenu chef du parti libéral au provincial. En arrivant à Québec, il emmène avec lui une partie de son équipe et de ses partisans conservateurs. L’adversaire de Dion, en 1998, Jean-François Milette, s’était présenté l’année précédente à Saint-Hyacinthe pour les conservateurs. Il fut imposé lors de l’investiture, ce qui explique peut-être que Dion remporta l’élection avec une très forte majorité de 5107 voix. L’ancien député, Charles Messier, confia à l’époque avoir songé à se représenter. Il est convaincu que s’il l’avait fait, il aurait probablement fait meilleure figure que Milette.
Second et troisième mandats
Durant ce second mandat, Léandre Dion sera adjoint parlementaire de la ministre de la Culture et des Communications, Agnès Maltais de 1999 à 2001, puis adjoint parlementaire au ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Maxime Arseneau de 2001 à 2003. Cette même année, est inaugurée à Saint-Hyacinthe, la Cité de la biotechnologie agroalimentaire, la réalisation dont il sera le plus fier. En 2003, le premier ministre Bernard Landry, qui a succédé à Lucien Bouchard en 2001, déclenche des élections. Cette fois, les libéraux l’emportent. Dans Saint-Hyacinthe, Léandre Dion fait la lutte à Pierre Solis qui se présente pour le Parti Libéral. Dion est réélu pour une troisième fois, avec 733 voix de majorité. Lors des élections suivantes, en 2007, il fait face à Claude Corbeil, le futur maire de Saint-Hyacinthe, qui se présente pour les Libéraux. La victoire ira pourtant à Claude L’Écuyer, le candidat de l’ADQ. Le parti de Mario Dumont cause effectivement la surprise, devenant l’opposition officielle. Après sa défaite, Léandre Dion se retire de la politique active. En 2009, il publie un roman intitulé La tourmente.
Visionnez la capsule concernant le député Léandre Dion, animée par l'archiviste Anne-Sophie Robert.
Photo:
Léandre Dion, Collection du Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, CH522.
Le centre d'histoire remercie Madame Chantal Soucy, députée de Saint-Hyacinthe à l'Assemblée nationale, pour sa participation à ce projet.