Maurice Dupré
1981-1985

Maurice Dupré
L'élection de 1981

Lors des élections de 1976, contre toute attente, Saint-Hyacinthe envoie à l’Assemblée nationale un député de l’Union nationale, parti pourtant sur le respirateur artificiel qui n’avait fait élire aucun représentant en 1973. Ce sera le dernier souffle de vie pour la formation de Maurice Duplessis qui disparait quelques années plus tard. En 1981, malgré la défaite du référendum sur la souveraineté l’année précédente, le gouvernement péquiste de René Lévesque remporte l’élection avec une confortable majorité faisant élire 80 députés sur 122. Cette fois, Saint-Hyacinthe participe à la fête en envoyant à Québec Maurice Dupré, le candidat du P.Q.

Vie personnelle et professionnelle

Maurice Dupré est né le 13 mars 1937 à Saint-Hyacinthe. Il est le fils D’Ovila Dupré, facteur d’orgue et d’Angela Colette. En 1952, il entre au service de la maison Casavant Frères où il demeure jusqu’en 1963, année durant laquelle il fonde sa propre entreprise, Les Orgues Maska enr. Il y sera facteur d’orgue jusqu’en 1970. Il demeure également propriétaire de l’entreprise jusqu’en 1981. En 1970, il change de domaine et devient administrateur local, puis provincial à la Commission des loyers. En 1977, il devient bachelier spécialisé en Sciences Juridiques de l’UQAM. En 1959, il épouse Louise Picard avec qui il aura trois filles.

Homme d’idées, il s’intéresse tôt aux affaires de la ville. Il se présente sans succès au Conseil de ville à deux reprises, soit en 1965 et 1971. Puis en 1978 débute la saga du projet de construction de deux stationnements étagés au Centre-ville. Une grande partie de la population est contre le projet, jugé inutile et trop coûteux. Dupré se fait leur porte-étendard. Il parvient à mettre sur pied un registre bloquant le règlement d’emprunt désiré par la ville. Ce registre est signé par 1300 citoyens, ce qui sonne le glas du projet.

Le politicien

Au niveau provincial, après avoir flirté avec les libéraux durant les années 1970, il opte pour le Parti Québécois en 1980. Très impliqué au niveau de sa communauté, il apprécie particulièrement les politiques sociales du gouvernement Lévesque. Souverainiste convaincu, il fait partie du Comité du OUI durant la campagne référendaire. Puis, lors des élections de 1981, il est le candidat péquiste dans Saint-Hyacinthe. Il bat son plus proche adversaire, le libéral Roger Duceppe, directeur général de la radio locale CKBS, par une majorité de 2400 voix.

Maurice Dupré est reconnu comme étant un politicien plein de fougue, aux idées bien arrêtées et au tempérament bouillant. En 1982, une altercation avec le député libéral, Yvon Picotte, au Salon Bleu, fait parler. Picotte invite Dupré à sortir de la Chambre pour poursuivre la bagarre mais Dupré refuse. Durant son mandat de député, Dupré a plusieurs chevaux de bataille. Il s’occupe activement du dossier de l’assainissement des eaux de la rivière Yamaska, problème criant à l’époque. Il s’implique également dans le domaine de la santé. C’est lui qui fait les démarches qui aboutissent à la fondation du C.L.S.C. des Maskoutains. Il parvient également à faire implanter à l’Hôpital Honoré-Mercier un centre de dialyse autonome et un département de médecine nucléaire. En 1984, il devient vice-président de la commission parlementaire de l’agriculture, des pêcheries et de l’alimentation.

La défaite

Les élections de 1985 seront rudes pour le Parti Québécois. Tout d’abord, l’élection de Brian Mulroney à la tête du gouvernement fédéral, beaucoup plus coulant face aux revendications du Québec que Pierre-Elliott Trudeau, fait en sorte que René Lévesque décide d’abandonner son projet souverainiste, choisissant le « beau risque » du fédéralisme. Plusieurs députés et ministres ne lui pardonnent pas cette volteface et ils démissionnent. Devant cette fronde, Lévesque annonce qu’il quitte la chefferie du parti de même que le poste de premier ministre. Il est remplacé par Pierre-Marc Johnson, le fils de l’ancien premier-ministre, Daniel Johnson. Si Claude Ryan avait fait piètre figure face à Lévesque en 1981, Johnson a affaire cette fois-ci à un adversaire de taille : Robert Bourassa, l’ancien premier ministre libéral qui reprend du service. De plus, le Québec fait face à l’une des pires crises économiques de l’histoire et les fonctionnaires qui se sont fait imposer leurs conditions de travail par le gouvernement à travers la loi 111 ou loi matraque, sont furieux contre le Parti Québécois. Les libéraux ne font donc qu’une bouchée des péquistes lors du scrutin remportant 99 des 122 sièges de l’Assemblée nationale.

Maurice Dupré n’échappe pas à la vague libérale. Après la défaite, il travaille au sein du ministère de la Main-d’œuvre et de la Sécurité du revenu. Il n’abandonne toutefois pas complètement la politique. Il sera président de l’exécutif local du Bloc québécois au moment de sa fondation. Au début des années 2000, il songe à se présenter à la mairie mais renonce au projet. Il meurt des suites d’un cancer le 20 août 2006 à l’âge de 69 ans.

Visionnez la capsule concernant les députés Fabien Cordeau et Maurice Dupré, animée par l'archiviste Anne-Sophie Robert.

Photo:
Maurice Dupré, Collection du Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, CH548.

Le centre d'histoire remercie Madame Chantal Soucy, députée de Saint-Hyacinthe à l'Assemblée nationale, pour sa participation à ce projet.

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