Nous attaquons maintenant une série de trois textes qui s’intéresseront à notre député probablement le plus connu : Télesphore-Damien Bouchard, T.-D. pour les maskoutains. Plus grand que nature, ce personnage en a mené très large à Saint-Hyacinthe. Il a été maire durant 25 ans et député provincial durant 28 ans! C’est peu de dire qu’il a marqué l’histoire de la ville de façon durable et ce dans toutes les sphères possibles.
Jeunesse
T.-D. est né à Saint-Hyacinthe le 20 décembre 1881. Son père, Damien, a été épicier, cordonnier et aubergiste. Son enfance, le futur notable l’a passée près du Marché-à-foin, dans le quartier Christ-Roi. L’emplacement de ce marché porte aujourd’hui son nom. Dans sa biographie, Bouchard se dit fier de ses origines modestes. Il associe son succès en politique avec son aisance tant auprès des notables que des « petites gens » comme on disait à l’époque. Sa mère, Julie Rivard, est décédée alors que le petit T.-D. n’a que cinq ans. C’est la seconde épouse de son père, Élisabeth Landry, qu’il appelle maman dans ses mémoires. Cette veuve éleva T.-D., son frère et sa sœur comme s’ils étaient ses enfants.
Damien Bouchard, le père de T.-D., ne fut pas très chanceux en affaires. Il faut dire qu’il avait une affection particulière pour la dive bouteille et les jeux de cartes. La famille tira donc le diable par la queue plus souvent qu’à son tour. Mais Damien est tout de même un homme très intelligent et curieux intellectuellement, qui s’intéresse beaucoup à la chose publique. Il sera organisateur électoral pour les libéraux. Son fils partage ses allégeances. Après des études à l’Académie Girouard, puis au Séminaire, T.-D. devient en 1901 journaliste à l’Union, le journal libéral fondé par Lewis-Francis Morrison en 1873. Il écrit aussi assez régulièrement des articles pour La Patrie puis La Presse. Il achète l’Union qui est presqu’en faillite en 1903, le raplombe et le fait renaitre en 1912. Il devient alors Le Clairon, l’organe officiel des libéraux radicaux à Saint-Hyacinthe. Le pendant conservateur du Clairon, c’est le Courrier. Harry Bernard, le directeur du Courrier à partir de 1923, sera l’adversaire ‘préféré’ de T-D durant toute sa carrière politique et journalistique. Bernard qualifiera souvent Bouchard de libéral radical à cause de son anticléricalisme qui n’est pas prisé par tous les libéraux du comté. En fait, Bouchard ne fait que prôner la séparation de l’Église et de l’État dans l’administration publique.
Vie personnelle
Côté cœur, T.-D. fait la connaissance de Blanche-Corona Cusson qu’il épouse à Montréal le 12 mai 1904. Ils auront trois enfants, dont une fille seulement survivra : Cécile-Éna. Très proche de son père, Cécile-Éna sera journaliste. Elle rédigera les pages féminines des journaux de son père, Le Clairon et En avant!. Tout comme T.-D., elle s’intéresse beaucoup aux arts, surtout la musique. Elle meurt à Montréal en 1987. Blanche-Corona, l’épouse de Bouchard, mourut quant à elle, le 14 janvier 1934, frappée par une fièvre typhoïde qu’elle avait contractée après avoir bu du lait contaminé. Ce triste événement explique pourquoi T.-D. fit du dossier de la pasteurisation du lait l’un de ses principaux chevaux de bataille.
Débuts politiques
De 1905 à 1912, Télesphore-Damien Bouchard s’occupe de politique municipale, d’abord comme échevin, puis comme greffier de la ville et surintendant du service des eaux et de l’éclairage public. Avec des amis, il forme le groupe des réformistes qui propose l’abolition des exemptions de taxes et des subventions aux manufacturiers, l’imposition de taxes spéciales aux communautés religieuses (mesure qui lui vaudra en grande partie sa réputation d’anticlérical), l’uniformisation de la taxe d’eau en rapport avec la valeur des immeubles et, surtout, la municipalisation de la production d’électricité. Il démissionne de son poste de greffier lorsqu’il est choisi pour représenter le parti libéral aux élections provinciales du 15 mai 1912. Il affronte Ernest Guimond, le candidat des conservateurs, qu’il défait par une majorité de 90 voix. Le petit-fils du porteur d’eau ou le fils du cordonnier, comme il se définissait lui-même, était parvenu à se rendre sur la colline parlementaire.
Visionnez la première capsule concernant le député Télesphore-Damien Bouchard, animée par l'archiviste Anne-Sophie Robert.
Photo:
T.-D. Bouchard en 1912, Collection du Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, CH001.
Le centre d'histoire remercie Madame Chantal Soucy, députée de Saint-Hyacinthe à l'Assemblée nationale, pour sa participation à ce projet.