Article paru dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 15 novembre 1994
Catégorie: Agriculture
Sous-catégorie: Politique
Auteure: Linda Dufault
Les années qui suivent la Première Guerre mondiale (1914-18) témoignent, dans le Québec rural, de la difficulté de passer d’une agriculture ouvrière à une agriculture de marché. Les cultivateurs tentent à plusieurs occasions de se regrouper. Leurs associations ne survivent pas à l’ingérence politique qui mine leur crédibilité.
Né à L’Ange-Gardien, le 30 mai 1886, fils de Louis Barré, cultivateur, et d’Arzélias Préfontaine. Il étudia à l’école paroissiale. D’abord apprenti forgeron à Granby, il cultiva ensuite la terre paternelle à L’Ange-Gardien jusqu’en 1943. Directeur de nombreuses organisations agricoles dont la coopérative des planteurs de tabac de la vallée de la Yamaska. Secrétaire de la caisse populaire et de la beurrerie et membre de la Coopérative de pierre à chaux broyée de Canrobert. Co-fondateur et premier président de l’Union catholique des cultivateurs (UCC) de 1924 à 1926.
Lecteur acharné, c’est ce qui lui assurera une érudition enviable. « Doué d’un coeur de missionnaire et d’une volonté de fer, son talent le plus extraordinaire était son éloquence. Il parlait sans texte et ses yeux avaient un pouvoir magnétique qui électrisait les foules » rapporte l’auteure de la monographie de l’Ange-Gardien, Azilda Marchand.
Laurent Barré était convaincu de pouvoir regrouper les fermiers au sein d’une association professionnelle non partisane. Le Bulletin des agriculteurs, un allié de taille, encourage les cultivateurs à y adhérer. Ils sont 2000 au congrès de fondation de l’Union des cultivateurs catholiques (UCC) les 1er et 2 octobre 1924 à Québec. Laurent Barré est élu président.
Les priorités de l’équipe Barré sont résolument tournées vers la modernisation de l’agriculture par le capital et vers la rentabilité des opérations de la ferme.
Annoncé à grands coups de publicité dans Le Bulletin des agriculteurs, le voyage du président fondateur de l’UCC dans toutes les régions du Québec facilite la création de cercles locaux de cultivateurs. Ces cercles sont des lieux indépendants de tout pouvoir politique, des lieux de critique, d’étude, de discussion, un endroit où s’élaborent une opinion agricole, une revendication paysanne.
Son mandat se terminant en novembre 1926, Laurent Barré se laisse tenter par la politique active. Candidat défait du Parti conservateur dans Rouville en 1927, il se consacre à la rédaction d’articles pour Le Bulletin des agriculteurs et de deux romans du terroir publiés à Saint-Hyacinthe: Bertha et Rosette (1929) et Conscience de croyants (1930).
Élu pour la première fois à l’Assemblée législative en 1931, Laurent Barré est réélu lors des élections de 1935-36 puis est défait par une voix – celle du président d’élection contraint de voter – en 1939. Élu sous la bannière de l’Union Nationale en 1944, toujours dans le comté de Rouville, Laurent Barré devient Ministre de l’Agriculture du 30 août 1944 au 5 juillet 1960 dans les cabinets Duplessis, Sauvé et Barrette. Réélu en 1960, il démissionna le 19 septembre de la même année.
À ce titre, il parraine plusieurs projets de lois importants tels le crédit agricole en 1936 et le programme de drainage des terres en 1949 en plus d’encourager la fondation de coopératives locales et l’implantation d’écoles d’agriculture.
Laurent Barré fut reconnu docteur honoris causa, en sciences agricoles, de l’Université de Montréal en 1949. Il avait épousé dans sa paroisse natale, le 7 août 1911, Marie-Anne Fleury, fille d’Alfred Fleury, cultivateur, et de Roseline Beaudry, il était le père de six enfants.
Laurent Barré est décédé à Granby, le 26 août 1964, à l’âge de 78 ans et un mois. Il est inhumé dans le cimetière de L’Ange-Gardien, le 29 août 1964.