Alphonse Martin, cordonnier et cultivateur

Le métier de cordonnier consiste à fabriquer des chaussures. La personne qui exerce ce métier doit être très habile de ses mains, car il devait tout faire, de la semelle jusqu’au bout du pied ! Au début de la colonie, le cordonnier tient boutique chez lui ou dans un local au village. Il a besoin de ses outils, mais, il a besoin avant tout du cuir, d’aiguilles et du fil. Le cordonnier pouvait parfois se faire appeler « savetier ».

Puisque le cordonnier a besoin de cuir, il doit donc l’acheter ou le produire à l’aide de tanneurs. À St-Ephrem d’Upton, M. David Lemay, cordonnier, a construit en 1888, une tannerie qui lui servirait aussi de manufacture de chaussures. Il engagea la même année, Raphaël Loiselle, pour 2,50$ / mois, s’il était jugé compétent. M. Loiselle a certainement gagné la confiance de M. Lemay, car en plus d’être son employé, il a marié sa fille, Philomène Lemay, en 1890.

Alphonse Martin, mon ancêtre, est le fils de Camille et Malvina Houle. Il est né le 19 mai et baptisé le 20 mai 1875 à Saint-Liboire. Il est le 4e d’une fratrie de 15 enfants. Il est probable qu’il ait appris le métier auprès de M. Louis Goulet, cordonnier de St-Dominique, voisin de son grand-père Augustin Martin.

Le 21 février 1898, à St-Valérien-de-Milton, Alphonse épouse Rose-Délima Fournier, fille d’Abraham et d’Édesse Forand. Lors de son mariage, on le dit cordonnier. Au recensement de 1901, il habite le village d’Upton et il est toujours cordonnier. On peut supposer qu’il aurait travaillé pour M. Loiselle, qui engage beaucoup de cordonniers (12 en 1901), mais selon un acte de vente, chez le notaire J. L-P Dupré, du 12 avril 1901, Alphonse Martin vend son emplacement avec maison et autres bâtisses, au village d’Upton à M. Adolphe Tanguay, menuisier. On comprend que cet emplacement est son atelier.

Il s’en va vivre par la suite au village de St-Dominique où il devient propriétaire du lot 401 avec un immeuble. Cet emplacement servait au tailleur J.R. Maillet. Il fait aussi l’achat du lot 400 qui est une terre cultivable. Selon différents documents notariés, durant son séjour à St-Dominique, il est tantôt cordonnier, tantôt cultivateur. Le cordonnier fabriquait et réparait surtout des bottes et souliers, mais il pouvait aussi travailler le cuir des harnais et selles pour les chevaux, surtout les mois d’hiver. Ce travail qui demande dextérité et patience disparait peu à peu de nos villes et villages avec l’apparition des voitures et le développement de manufactures diverses.

Après un petit séjour aux États-Unis (1907) où son fils Ovide, 4e enfant, verra le jour, il revient vivre à Saint-Pie où il sera cultivateur dans le Rang de la Rivière Nord. C’est là que naîtront les sept derniers enfants. Il vivra la grande inondation de novembre 1927, où tout son troupeau (26 vaches et 50 cochons) se noya. Mais cela est une autre histoire ! Son épouse, Rose-Délima décèdera le 8 avril 1949, à 67 ans et Alphonse la suivra le 15 juillet 1958, à l’âge de 83 ans.

Isabelle Martin
Coordonnatrice du Service de généalogie CHSTH

Photo: Collection personnelle d’Isabelle Martin

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