Quelques mois après sa création, la nouvelle municipalité de Saint-Joseph se dote de règlements pour assurer la paix, l’ordre, le bon gouvernement et l’amélioration de la municipalité conformément au Code municipal de 1871.
Lors de la réunion du 6 février 1899, trois règlements furent adopté. Le règlement numéro 1 créait un « corps de police d’un seul homme » et Alfred Brodeur, employé du Canadien Pacifique était engagé comme homme de police. Le règlement numéro 2 était adopté pour régir les activités des charretiers à la gare du Canadien Pacifique et le règlement numéro 3 établissait de règles relatives à l’émission de licences d’hôtel et de boisson.
Au cours de l’année 1899, d’autres règlements ont été adoptés aux fins d’exiger un permis pour exercer le métier de charretier, pour le commerce de boucher, d’épicier, pour distribuer du pain à domicile, pour la vente de liqueurs enivrantes, de tempérance, pour colporter, dans les rues et de maisons en maisons, toutes marchandises comme hardes faites, bijouterie, objets de librairie, médecines patentées ou non, médicaments ou drogueries, sauf pour les produits agricoles vendus par les fermiers, pour exiger un impôt d’une cent par piastre sur le montant du loyer de tout locataire, un impôt de 50 cents à tout homme célibataire âgé d’au moins 21 ans, résidant ou travaillant dans la municipalité et non autrement, sauf pour les ministres de tous cultes, les étudiants, les apprentis et les domestiques, une taxe de 17 cents sur les immeubles imposables pour rencontrer une dette de 180 piastres.
Parmi les résolutions adoptées en 1899 et 1900, on trouve la décision d’annoncer dans La Presse et dans Montréal Gazette l’offre d’un bonus généreux à tout industriel disposé à venir établir une manufacture, une demande de la Compagnie des Pouvoirs hydrauliques de permettre la construction d’une ligne de tramways mus par l’électricité dans les rues du Village, la formation d’un « comité composé de A.J. Dubuc, Alexis Pichette et Ubald Dansereau chargé de conférer pour et au nom de ce conseil, quand nécessaire, avec le Conseil du Village de La Providence, ou avec le comité par lui appointé, aux fins de rencontrer les autorités municipales de la Cité de St-Hyacinthe afin de débattre et de considérer le projet d’annexion de ce Village à la Cité de St-Hyacinthe et aussi les conditions de cette annexion ».

À la réunion du 5 février 1900, Raphaël-Ernest Fontaine est réélu maire et le notaire Elzéar Chabot est engagé comme secrétaire-trésorier au salaire de 50$ par année; le conseil vote une allocation de 10$ à Lucien Marchessault pour l’usage de sa maison pour la tenue des assemblées jusqu’à ce jour; Alphémar-Joseph Dubuc, conseiller nouvellement élu, offre une salle gratuite dans sa manufacture de vinaigre pour la tenue des assemblées à venir, ce qui est accepté.
Le 18 mai 1900, le conseil forme un comité d’études sur la confection et l’installation de canaux souterrains aux endroits les plus favorables. Le 22 mai suivant, le comité exprime au conseil l’avis que la confection de canaux souterrains durant le présent été n’était pas urgente et pouvait être remise à plus tard. Il faut rappeler ici que les villageois assumaient la responsabilité d’installer sur leurs propres terrains un puits d’approvisionnement en eau et un puisard pour les égouts domestiques.
Les trottoirs : du bois au béton
Le premier règlement relatif à la construction de trottoirs en bois avait été adopté le 7 juillet 1884 par la municipalité-mère, la Paroisse de Saint-Hyacinthe-le-Confesseur. Ce règlement ordonnait la construction de trottoirs en bois de chaque côté de la rue Broadway (Concorde-Sud) depuis la rivière Yamaska jusqu’au chemin appelé Raccourci, de chaque côté du Chemin du roi (rue Saint-Pierre) depuis la Paroisse Notre-Dame-de-Saint-Hyacinthe (La Providence) jusqu’au chemin de Saint-Dominique (rue Saint-Louis) et « partout où besoin sera ». Comme le Conseil avait des doutes sur la légalité de ce règlement, il décidait, le 4 novembre 1901, d’adopter un nouveau règlement sous le numéro 14 pour ordonner la construction de trottoirs de bois sur le même territoire en y ajoutant d’autres chemins non encore identifiés, mais aujourd’hui connus comme étant la rue Brunette, une partie de la rue Saint-Thomas entre Brunette et Saint-Pierre, la rue Desrochers, la rue Villeneuve et partie de Centrale. Ce règlement précise :
« Les dits trottoirs seront en madriers de pruche ou d’épinette rouge de deux pouces d’épaisseur, bien cloués sur lisses ou lambourdes en épinette rouge ou en cèdre de pas moins de quatre pouces d’épaisseur au petit bout, équarries sur une face, lesquelles lambourdes seront placées à distance voulue mais pas moins de trois lambourdes par longueur de madriers de dix à douze pieds. (…) La construction et l’entretien des dits trottoirs seront à la charge des propriétaires de terres et terrains ou lots de terre faisant front ou longeant les dites rues ou chemins publics ».
Sur cette photo de l’entrée du Pont de la Société (situé à l’emplacement du pont T.-D. Bouchard aujourd’hui), on voit bien les trottoirs de bois en front des maisons ainsi que la traverse du chemin aussi en bois.

Le 22 mai 1901, le règlement 11 ordonne la construction d’un trottoir de bois de trente pouces de largeur, du côté nord-est du Chemin du roi (rue Saint-Louis) depuis le chemin de fer du Grand Tronc jusque vis-à-vis cette autre partie du Chemin du roi aujourd’hui connue sous le nom de rue Saint-Pierre, ainsi que des traverses en bois de 20 pouces de largeur en front de certaines propriétés. Ce règlement a été abrogé et, le 13 juin de la même année, il est remplacé par le règlement 12 qui précise que « Le conseil susdit accorde la permission aux propriétaires de terrains en front desquels le trottoir sera construit de faire et entretenir des traverses sur le chemin municipal, sous leur responsabilité exclusive et sans que le dit conseil ne puisse être inquiété pour les accidents qui pourraient survenir par le manque d’entretien de ces traverses ».
Le 23 juin 1903, les règlements 12 et 14 sont amendés par le règlement 17 pour permettre que les trottoirs ne soient pas construits exclusivement en bois, mais aussi en gravier (retranché par le règlement 18), en pierre à trottoir, ou en ciment selon la volonté des propriétaires obligés à leur confection. Puis, le règlement 20 adopté le 6 novembre 1905 prévoit « que toutes les traverses se trouvant dans les limites de la municipalité du Village St-Joseph soient construites et entretenues par la corporation du Village de St-Joseph. »
Le 18 mai 1915, les trottoirs en bois sont abandonnés avec le règlement 34. Il est prévu que ceux-ci soient remplacé par des trottoirs de béton avant le 1er juillet 1919. À partir du 1er juillet 1919, les trottoirs de bois non remplacés par des trottoirs de béton seront faits par la municipalité et le coût sera recouvré comme les amendes.
Pour régler les problèmes des animaux errants
À la réunion du 6 mars 1899, Télesphore Saint-Jacques, journalier, était nommé inspecteur agraire dont l’une des fonctions était de voir aux bonnes conditions des fossés et des clôtures de ligne entre les fermes et Moïse Lapierre, cultivateur, a été nommé premier gardien d’enclos pour la municipalité du Village de Saint-Joseph.
Le Code municipal de 1871 stipule que « Les gardiens d’enclos publics sont tenus de recevoir et de retenir sous leur garde les animaux trouvés errants sur une grève, une batture, un chemin, une place publique, ou un terrain autre que celui de leurs propriétaires, et envoyés en fourrière par l’inspecteur agraire ou par toute autre personne qui les y trouve, jusqu’à ce qu’ils soient réclamés par leurs propriétaires ou vendus à l’enchère en vertu des dispositions de cette section ». Gare aux contrevenants, car l’article 440 prévoit que :
« les amendes imposées sur les propriétaires ou les possesseurs d’animaux trouvés errants sont les suivantes pour la première offense : pour chaque étalon âgé de pas moins d’un an, $6.00; pour chaque taureau, verrat ou bélier, $2.00; pour chaque cheval coupé, poulin, pouliche, jument, bœuf, vache, veau, génisse, cochon annelé, $0.25; pour chaque cochon non annelé, bouc ou chèvre, $1.00; pour chaque mouton, $0.10; pour chaque oie, canard, dinde ou toute autre volaille, $0.05. »
D’après les articles de Grégoire Girard parus dans le Courrier de Saint-Hyacinthe les 18 et 25 novembre 2010.
Pour aller plus loin :
Naissance du village de Saint-Joseph (un article de Grégoire Girard)