Les Adoratrices du Précieux-Sang

Peu de gens savent que la première congrégation de sœurs contemplatives fondée au Canada le fut à Saint-Hyacinthe en 1861. Ce texte se veut un résumé de l’histoire d’une communauté hors du commun : les Sœurs adoratrices du Précieux-Sang.  

La fondatrice de la congrégation, Aurélie Caouette (en religion, Mère Catherine-Aurélie du Précieux-Sang) est née à Saint-Hyacinthe le 11 juillet 1833. Elle est la fille du forgeron Joseph Caouette et de Marguerite Olivier. Déjà enfant, elle fait preuve d’une piété hors du commun et voue un culte à la souffrance rédemptrice du Christ. Par exemple, son père la surprend, alors qu’elle n’a que quatre ans, à porter une grosse pièce de bois sur ses épaules pour « jouer » à la crucifixion. 

En 1845, elle entre au pensionnat tenu par les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame à Saint-Hyacinthe. Cette institution était située à l’endroit occupé aujourd’hui par le bureau de poste. Le directeur spirituel d’Aurélie est l’abbé Joseph-Sabin Raymond. Ce dernier la soutiendra d’ailleurs dans toutes les étapes menant à la fondation de la communauté des Sœurs adoratrices, dont il est considéré comme le cofondateur. 

Mère Catherine-Aurélie du Précieux-Sang. Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds DR05 Soeurs adoratrices du Précieux-Sang.

 

En 1850, Aurélie quitte le pensionnat après avoir fait de brillantes études et retourne vivre chez ses parents. La vie religieuse l’interpelle mais elle sent que sa vocation n’est pas d’ordre éducatif ou hospitalier. Sa vie spirituelle est d’une telle puissance qu’elle s’isole de plus en plus pour vivre sa passion comme le Christ. Selon son propre témoignage et celui de l’abbé Raymond, des douleurs physiques inexpliquées tourmentent son corps et son esprit pendant de nombreuses années. De plus, des phénomènes mystérieux se produisent en sa présence tels que le changement soudain de la couleur de ses vêtements ou encore des objets devenant brûlants entre ses mains. Elle passe d’ailleurs dix mois alitée et souffrante à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe.  

Bien qu’elle ne fasse pas partie d’une communauté religieuse, la jeune femme s’impose une sévère règle de vie et fait vœu de chasteté devant l’abbé Raymond. Elle ne passe pas inaperçue et divise la communauté maskoutaine. Certains la considèrent comme une grande mystique, voir même une sainte tandis que d’autres doutent de sa santé mentale. 

C’est l’évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget qui lui conseille de fonder une communauté d’adoratrices du Précieux-Sang. Mgr Jean-Charles Prince, l’évêque de Saint-Hyacinthe, est d’accord mais le projet est mis sur la glace en raison de son décès en 1860. La communauté est donc fondée le 14 septembre 1861. Les quatre religieuses qui la composent s’installent dans la maison du père d’Aurélie. 

Le monastère du Précieux-Sang vers 1880. Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds DR05 Soeurs adoratrices du Précieux-Sang.

 

Deux ans plus tard, elles emménagent dans une maison plus grande située au 2520 de la rue Girouard. Cette maison a été achetée par le curé Édouard Lecours à Madame Veuve Benjamin Benoit et cédée à la congrégation. Au fil des ans, des centaines de religieuses sont réparties au sein de trente-trois monastères différents. Mère Catherine-Aurélie meurt le 6 juillet 1905 dans son monastère de Saint-Hyacinthe, entourée de ses filles. Sa cause de béatification a été enclenchée en 1984. 

En 1945, les monastères sont regroupés en Congrégation monastique et Saint-Hyacinthe devient la maison généralice pour la section de langue française. Depuis la fin des années 1980, le vieillissement des effectifs amène la communauté à vendre plusieurs monastères et à se doter d’une infirmerie pour recevoir les religieuses malades. Depuis 2014, certaines d’entre elles sont logées dans Les Jardins d’Aurélie, une résidence qui accueille les religieuses de plusieurs communautés maskoutaines. À la fin de 2018, les Sœurs du Précieux-Sang quittent définitivement leur monastère de la rue Girouard. 

Texte: Martin Ostiguy

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