Rosalie Papineau Dessaulles, la sœur du célèbre Louis-Joseph Papineau, est l’épouse de Jean Dessaulles, seigneur de Saint-Hyacinthe, décédé en 1835. Devenue Seigneuresse, elle joue un rôle important auprès des Patriotes.
À quelques reprises, elle leur vient en aide lors de leur fuite vers les États-Unis. « Plusieurs trouvent refuge à Saint-Hyacinthe. En novembre 1837, la répression militaire et la fuite de plusieurs leaders patriotes inaugurent en effet une nouvelle phase à Saint-Hyacinthe, où bon nombre de chefs patriotes trouvent refuge sur la route de l’exil vers les États-Unis », peut-on lire en page 7 dans le journal Le Fleurdelisé publié récemment par le Mouvement national des Québécois et Québécoises.
Hélène Hébert, dans l’ouvrage Saint-Hyacinthe 1748-2023, paru chez Septentrion, en 2023, résume l’implication de cette femme forte qui a marqué l’histoire maskoutaine : « La seigneuresse Rosalie Dessaulles appuie les Patriotes. Elle envoie des provisions aux insurgés à Saint-Charles et n’hésite pas à cacher la fille d’un docteur de Saint-Denis. Après la défaite, son frère cadet André-Augustin Papineau, qui a combattu à Saint-Denis et à Saint-Charles, se cache chez elle pendant deux mois avant de s’enfuir aux États-Unis. Il est fait prisonnier avant de franchir la frontière. Elle cache aussi son frère Louis-Joseph, mais uniquement le temps de préparer sa fuite. La seigneuresse ne manque pas d’audace puisque les soldats, qui n’ignorent pas son lien de parenté avec le chef des Patriotes, fouillent son domaine à plusieurs reprises. De plus, lorsqu’un régiment en campagne doit passer la nuit dans la seigneurie, il est de mise que les officiers soient hébergés au manoir. Malgré tout, ceux qui doivent s’exiler pour se soustraire à la justice peuvent compter sur l’appui de Rosalie. »

En novembre 1837, quelques jours avant les affrontements à Saint-Denis, elle héberge son neveu Amédée Papineau, fils de Louis-Joseph Papineau et de Julie Bruneau. Après une nuit passée à Verchères auprès de sa mère, on décide « qu’il sera plus en sécurité chez sa tante Dessaulles », écrit Micheline Lachance dans La saga des Papineau, publié en 2013 chez Québec Amérique. Elle poursuit : « La route est interminable et les ornières rendent le trajet éprouvant. Il est dix-sept heures lorsqu’il arrive chez sa tante Rosalie Dessaulles, à Maska. Sa vie de reclus commence alors. Il doit se contenter d’une chambre de dix pas sur quatre dans une rallonge, au bout du manoir. Une trappe percée dans le plancher de la pièce, et recouverte d’une carpette, lui permettrait de descendre à la cave si jamais il prenait envie aux baillis de venir fouiller la maison. Tante Rosalie a tout prévu. Il pourra se cacher dans le carré à légumes éclairé d’une lanterne sourde. »

Le soir du 23 novembre 1837, c’est Louis-Joseph Papineau qui trouve refuge au manoir. Yvan Lamonde, auteur de Louis-Antoine Dessaulles, un seigneur libéral et anticlérical, paru chez Fides, en 1994, raconte à la page 29 : « Le matin de l’engagement à Saint-Denis, Dessaulles (Louis-Antoine) s’y rend et passe chez le docteur Nelson. Il y trouve Papineau et le docteur O’Callaghan et c’est alors qu’il entend Nelson proposer à Papineau de fuir. Dessaulles ne peut prévoir l’importance de cette discussion. Le 23 novembre, jour de l’affrontement, Louis-Joseph Papineau se cache au manoir de Saint-Hyacinthe ; il échappe à une fouille le 25, et vers le 30, madame Dessaulles assure sa fuite ainsi que celle du docteur O’Callaghan vers les États-Unis, où Amédée rejoindra son père au début de décembre. »
Laissons Charles-Philippe Choquette, auteur du livre Histoire de la Ville de Saint-Hyacinthe, publié en 1930, conclure ce court texte sur Rosalie Dessaulles : « Dès son arrivée à Saint-Hyacinthe, Mme Dessaulles fit du manoir une habitation à nulle autre pareille. » Citant M. Joseph-Sabin Raymond, Choquette poursuit : « Aux côtés de Jean Dessaulles vivait une noble dame douée des plus belles qualités, possédant un des cœurs les plus généreux qui se puissent rencontrer, mais surtout montrant dans tous ses procédés une délicatesse exquise qui en faisait les délices de la société ».
Un article de Paul Foisy rédigé en mai 2018.