Le 17 juillet 2025, vers 18h00, la foudre a frappé le toit de l’église de l’Immaculée-Conception, à Saint-Ours. En quelques heures, le feu ravageait l’édifice. Il s’agit d’une terrible perte pour le diocèse de Saint-Hyacinthe et pour le patrimoine religieux de la Montérégie. Voici les grandes lignes de l’histoire de ce bâtiment, dont l’inauguration eut lieu en 1882.
En 1761, on inaugure, tout près de l’emplacement de l’église actuelle, un premier temple, d’abord modeste mais qui connaitra plusieurs améliorations et agrandissements avec les années. En 1861, le curé Bélanger décide que l’église doit être restaurée. Le village se divise bientôt en deux clans: ceux qui acceptent les plans de réparation et ceux qui désirent une nouvelle église, jugeant désuète l’église centenaire de 1761. En 1868, le conflit ne semblant pas vouloir se régler, Mgr Larocque, évêque de Saint-Hyacinthe, se rend à Saint-Ours pour entendre les partisans des deux projets. Il faudra encore trois ans avant que Mgr Larocque prenne une décision. En 1871, il permet la construction d’une nouvelle église. Loin de s’arranger, le débat s’élargit. De plus en plus de citoyens approuvent maintenant que l’on érige un nouveau temple, mais on ne s’entend pas sur le site! Certains le voudraient sur le côteau, d’autres dans la prairie et d’autres encore sur le site de la première église. En 1876, Louis-Zéphirin Moreau, le nouvel évêque de Saint-Hyacinthe, exaspéré par la situation, prend une décision. Il y aura une nouvelle église et elle sera dans l’ancien cimetière, c’est-à-dire, essentiellement au même endroit que la première église.

La même année, Mgr Moreau nomme à la cure de Saint-Ours, Olivier Désorcy, un homme prudent et plein d’énergie, qualités dont il avait besoin pour rétablir la paix dans la paroisse. Il se met vite à la tâche. Pour la nouvelle église, il choisit les plans de l’architecte Louis-Zéphirin Gauthier. L’église sera de style néo-roman. Elle se caractérisera par sa façade en pierre et son architecture sobre, privilégiant la simplicité et la monumentalité. Le curé Désorcy achète lui-même la pierre extraite des carrières de Deschambault. La nouvelle église a 148 pieds de longueur et 64 pieds de largeur. Le clocher et la flèche s’élèvent à 183 pieds dans le ciel. On procède à la bénédiction de l’église le 25 juin 1882. Le coût de l’église s’élève à 60 000$.

La décoration intérieure de l’église respecte évidemment le style néo-roman du bâtiment. Les boiseries sont en noyer noir et en bois de frêne. La voûte est soutenue par deux rangées de colonnes richement sculptées. Deux magnifiques toiles de Théophile Hamel de Québec, l’une illustrant la Nativité et l’autre la Présentation au temple, qui se trouvaient dans la première église, sont transportées dans le nouveau temple. L’église a été construite au-dessus de la crypte où se trouvent les tombeaux des membres de la famille seigneuriale de Saint-Ours de même que les dépouilles de certains prêtres, dont celle d’Olivier Désorcy.
Les curés qui succédèrent à M. Désorcy, chacun à leur manière, apportèrent des améliorations au lieu de culte. Par exemple, en 1907, le curé Antoine Foisy fait ériger un baldaquin au-dessus du maitre-autel. C’est aussi lui, deux ans plus tard, qui achète un nouvel orgue, l’Opus 343 de la firme Casavant Frères, malheureusement disparu dans l’incendie de 2025. Il avait été inauguré lors d’un grand concert donné par trois artistes aveugles de naissance: l’organiste Étienne Guillet et les chanteurs Alfred Lamoureux et Arthur Pruneau.
En 1964, le curé Lionel Dupré entreprend un vaste chantier de travaux majeurs. On procède alors à la réfection de la façade de l’église; à la confection d’un corridor menant de l’église à la sacristie; l’isolation du toit et la rénovation des fenêtres de même que l’installation d’un plancher en tuiles. La boiserie des confessionnaux et des bancs est également refaite. Le coût de ces importants travaux s’élève alors à 150 000$. En juillet 1968, un morceau de plâtre de la voûte tombe dans l’allée centrale. Suite à cet incident, on prend la décision de refaire complètement les murs et le plafond de l’église.
Comme on le voit, l’église de Saint-Ours possédait une grande valeur patrimoniale et l’incendie représente une perte inestimable pour la communauté.
Auteur: Martin Ostiguy