Télesphore-Damien Bouchard (3)
1912-1919, 1923-1944

Télesphore-Damien Bouchard sénateur
Retour à Québec

Le 5 février 1923, après la mésaventure d’Armand Boisseau, Bouchard redevient le député de Saint-Hyacinthe. Il le demeurera jusqu’en 1944. Louis-Alexandre Taschereau est alors le chef du Parti libéral et le premier-ministre de la Province. S’il ne s’entend pas en tous points avec Bouchard, leur relation est moins tendue que celle du député de Saint-Hyacinthe avec Lomer Gouin, le précédent chef. Bouchard parvient même, à l’occasion, à imposer ses idées à Taschereau. Par exemple, c’est grâce à ses demandes répétées que le gouvernement consent à créer la Commission des Accidents du travail en 1928. Après plusieurs années comme député d’arrière-banc, Taschereau nomme Bouchard vice-orateur, puis orateur (président) de la Chambre.  

En tant que maire, Bouchard se fait un point d’honneur d’améliorer la vie de ses commettants. En 1911, il achète, avec Me Victor Morin, un lot appartenant à l'ancien maire et député, Georges-Casimir Dessaulles. Les deux hommes forment une compagnie, le Crédit Maskoutain, qui se charge de la vente de ces terres, ce qui donnera naissance à l'implantation d'un nouveau quartier: le Bourg-Joli. En 1926, Bouchard vend à la Société d'agriculture, le Rond Laframboise. On y aménage un magnifique parc dans la pinède au sud de l'hippodrome.

T.-D. a toujours considéré le sport comme un élément important dans le développement de sa ville. En 1929, il décide de la construction d'une vaste piscine municipale, qui sera en fait, l'une des plus grandes au Canada. Il veut affermir le statut de ville moderne pour Saint-Hyacinthe. Ses adversaires politiques l'accusent de voir trop grand et de développer son secteur, le Bourg-Joli, plutôt que le Centre-ville. S'il est vrai que les projets de Bouchard sont souvent en concordance avec ses intérêts personnels, il faut quand même reconnaitre qu'il a doté sa ville de superbes installations. Un autre projet sera controversé. Il s'agit de la construction de l'aréna (que l'on appelait le stade, à l'époque). Encore une fois, T.-D. s'arrange pour que l'édifice soit érigé dans le Bourg-Joli. Il est vrai qu'il peut ainsi servir lors de l'exposition agricole régionale. Le stade, qui coûtera 500 000$ sera un superbe bâtiment. Les Canadiens de Montréal y joueront leurs matchs de pré-saison pendant plusieurs années. Pour célébrer le centenaire du sénateur Georges-Casimir Dessaulles, en 1927, Bouchard fait ériger une porte monumentale à l’entrée de la ville, baptisée Porte des Anciens Maires. Ce monument fut dessiné par un architecte local bien en vue, René Richer.

M. le ministre

En juin 1935, Taschereau nomme Bouchard ministre des Affaires municipales, du Commerce et de l’Industrie. La crise du chômage sévissant depuis le Crash boursier de 1929, il s’agit d’un ministère important où les défis ne manquent pas. Toutefois, le chef des conservateurs, Maurice Duplessis, par le truchement d’un comité sur les Comptes Publics, parvient à ébranler le gouvernement Taschereau. Le Premier ministre, dont le frère, Antoine Taschereau, fut éclaboussé par un scandale lié aux fonds publics, démissionne. Adélard Godbout prend sa place. Bouchard conserve les Affaires Municipales mais il hérite cette fois du portefeuille des Terres et Forêts. Des élections ont lieu en 1936 et Duplessis, devenu le chef d’un nouveau parti, l’Union Nationale, devient Premier ministre.

Dans l'opposition

Les libéraux reçoivent une raclée assez imposante. Ils ne conservent que 14 élus à l’Assemblée, dont Bouchard. Adélard Godbout perd son siège. C’est T.-D. qui devient alors Chef intérimaire de l’opposition parlementaire. Durant les trois ans que les libéraux passèrent dans l’opposition, Bouchard fut un adversaire très coriace. Il attaque sans cesse le gouvernement de l’Union Nationale, vite affaibli par des dissensions internes. T.-D. fonde un nouveau journal, En Avant!, dont il se sert principalement pour assurer à son parti la reprise du pouvoir en 1939. Cette initiative, de même, il faut bien le dire, que plusieurs turpitudes du gouvernement Duplessis, portent fruit. Les libéraux écrasent les unionistes en remportant 70 sièges sur 85 dans la province. Godbout nomme Bouchard ministre de la Voirie et des Travaux publics. Épuisé, Godbout, sitôt élu, prend quelques semaines de vacances. Bouchard le remplace. Jusqu’à sa mort, il se plaira à dire que le petit garçon du Marché à foin aura été premier ministre de la province par intérim!

Fin de carrière

En 1944, Godbout cherche un moyen de se défaire poliment de la présence encombrante de Bouchard, dont la personnalité intransigeante déplait un peu au premier ministre, d’un naturel plus coulant. Il le nomme à la tête d’Hydro-Québec, nouvellement fondée. Il sait fort bien que Bouchard ne peut refuser ce poste, la nationalisation de l’électricité ayant toujours été un projet parmi ceux qui lui tenaient le plus à cœur. À peu près au même moment, le Premier ministre canadien Mackenzie King le nomme sénateur. Lors de son discours d’acceptation, toutefois, Bouchard se lance à fond de train dans une attaque en règle contre l’Église et les Nationalistes qu’il accuse de vouloir plonger le pays dans une guerre civile en se servant des cours d’histoire pour élever les deux peuples fondateurs l’un contre l’autre. Son discours est décrié de toutes parts. Godbout n’a d’autre choix que de lui retirer la direction d’Hydro-Québec. Blessé, Bouchard se retirera tranquillement de la vie publique, tout en demeurant sénateur jusqu’à son décès qui se produit le 13 novembre 1962. Ses funérailles, tenues à Saint-Hyacinthe (bien qu’il demeurât à Montréal durant les 5 dernières années de sa vie) furent impressionnantes. Des milliers de personnes vinrent saluer une dernière fois, le petit garçon du Marché à foin. 

Visionnez la troisième et dernière capsule concernant le député Télesphore-Damien Bouchard, animée par l'archiviste Anne-Sophie Robert.

Photo:
T.-D. Bouchard, Collection du Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, CH354.

Le centre d'histoire remercie Madame Chantal Soucy, députée de Saint-Hyacinthe à l'Assemblée nationale, pour sa participation à ce projet.

<< T.-D. Bouchard (partie 2)                     E.-J. Chartier (partie 1) >>