La compagnie de biscuits de Saint-Hyacinthe

Article paru dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 14 décembre 2005

Catégorie: Industries

Sous-catégorie: Alimentaire

Auteur: André Gilbert

Dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe du 10 juin 1911, on peut lire un petit article concernant l’implantation d’une nouvelle manufacture : « LA COMPAGNIE DE BISCUITS DE ST-HYACINTHE LIMITÉE » qui sera en opération prochainement au village La Providence. Notre ancien concitoyen monsieur Aimé Langevin à la direction technique de l’établissement. »

Le 1er mai 1911, monsieur Arthur Flibotte, commerçant et propriétaire d’un terrain à La Providence, vend à la Compagnie de Biscuits Limitée, un terrain avec les bâtiments situés sur la rue Sainte-Anne (aujourd’hui rue Bourdages Sud angle Saint-Pierre). La Compagnie de Biscuits Limitée est représentée par Pierre Denis, (percepteur du revenu pour le gouvernement) qui demeure lui aussi à La Providence. François-Alfred Brodeur (comptable), résident de La Providence, en est le secrétaire et tous deux sont autorisés à acquérir au nom de la Cie l’immeuble situé au 5-7 rue Sainte-Anne.

Le bureau de direction de la compagnie est composé de Pierre Denis président, A. Lassonde vice-président et gérant, Alfred Brodeur comptable et T.-D. Bouchard secrétaire (en 1911, Bouchard est également greffier à la ville). La Cie est officiellement incorporée en avril 1911, avec un capital de 50 000 $ et obtient une exemption de taxe de la ville.

Plusieurs actionnaires ont souscrit à l’entreprise dont voici quelques noms : Aimé Langevin quinze actions, F.A. Brodeur dix actions, Elzéar Lemonde dix actions, Adolphe Gladu cinq actions, Napoléon Roy cinq actions, Eugène Lalime une action. Une action vaut 100 $. Le 4 mai 1911, le bureau de direction fait parvenir une lettre à monsieur Emery Lemoine confiseur de Montréal, dans le but d’obtenir ses services. Dans cette lettre, il est fait mention d’un salaire de 17 $ par semaine, garanti pour un an, sous condition de bonne conduite et de donner satisfaction au travail pour commencer aussitôt que possible. Emery Lemoine accepte l’offre et déménage à Saint-Hyacinthe pour commencer le travail en mai 1911.

Fabrique de biscuits
Intérieur de la fabrique de biscuits en 1917. Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH475 Antoinette Bonin-Halstead.

Après trois mois d’opération, la Cie fabrique des biscuits de toutes sortes et 42 personnes sont employées dans ses ateliers. Elle paie 1 000 $ de salaire par mois. Déjà son chiffre d’affaire s’élève à plus de 2 000 $ par semaine. Elle est la seule compagnie de la province donnant des noms français à ses produits et aussi l’une des rares entreprises qui insère dans des boîtes la marchandise à expédier, ces boîtes étant fabriquées dans ses ateliers. Les produits sont vendus par un seul représentant, E. Lassonde, actionnaire et fondateur de la compagnie.

Au fil des ans s’ajoutent d’autres actionnaires, comme messieurs Paul Frédérique Payan, L P. Morin, Joseph Huette et bien d’autres encore.

Voici quelques fournisseurs de la compagnie de biscuits : Imperial Oil Company Limited pour la cire, Demers & Cooney pour le bois et le charbon, Davis & Lawrence Co. pour la farine, The Yamaska Paper Box pour le papier, Garner & Son pour la machinerie, L.P. Morin pour les boîtes, The Joliette Preserving Co. pour le sirop, la mélasse et le miel, Hudon & Orsalie pour les liqueurs et le thé, Fred A. Lallement Co. pour la farine raffinée, F.X. Gagnon provisions diverses, O.N. Fréchette pour la farine, L.Schepp Cie pour la noix de coco… et plusieurs autres fournisseurs.

Compagnie de biscuits
Compagnie de biscuits en 1912. Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH085 Studio B.J. Hébert, photographe.

Malheureusement, après onze mois d’opération, la compagnie doit déclarer faillite. Certains actionnaires importants retirent leurs capitaux. Le 4 avril 1912, dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe, un avis du juge Tellier de la Cour supérieure mentionne la liquidation de l’entreprise par monsieur L.P. Morin requérant. Monsieur René Morin, notaire, est nommé liquidateur, accompagné de monsieur P.A. Gagnon, comptable licencié de Montréal pour l’examen des livres et des avocats Ernest Fontaine, J.O. Beauregard et V.E. Fontaine.

Le produit de la vente de l’immeuble et des machineries s’élève à 6 015 $. L’immeuble et la machinerie sont vendus à Adélard Gladu qui a formé une nouvelle compagnie de biscuits et boulangerie sous le nom de Cie Gladu & Demers Ltée. En 1919, l’entreprise porte le nom de Cie de biscuits Nationale Ltée. Il y a donc eu dans cette usine de biscuits de La Providence, trois propriétaires différents en neuf ans.

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