L’accident ferroviaire de Richmond

Article paru dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 2 février 2023

Catégorie: Politique

Auteur: Martin Ostiguy

Le 31 août 1904, deux trains, l’un en provenance de Montréal et l’autre des États-Unis, ont une collision frontale à Richmond dans les Cantons-de-l’Est. Neuf personnes sont tuées et 23 autres blessées. Parmi les victimes se trouve le député fédéral de Saint-Hyacinthe, M. Jean-Baptiste Blanchet. Un autre maskoutain, le manufacturier Charles Simard, perd également la vie dans l’accident. Lorsqu’on retire le corps de M. Blanchet des débris, il respire encore. Parmi les rescapés, se trouve un prêtre, le Père Leblanc qui a à peine le temps de lui administrer l’extrême-onction. L’enquête révèlera que l’un des conducteurs des deux trains, Norman Atkinson pourrait être responsable de l’accident. La famille du député Blanchet porte plainte contre lui et il est accusé d’avoir causé la mort du maskoutain par sa négligence. Il subira son procès deux ans plus tard et sera acquitté des accusations pesant contre lui.

Jean-Baptiste Blanchet nait à Saint-Pie le 10 novembre 1852. Il est baptisé le même jour à Saint-Damase. Il est le fils du cultivateur Alexis Blanchet et d’Angèle Senay. À 16 ans, il quitte le Québec, comme plusieurs de ses compatriotes, pour aller travailler aux États-Unis. Il revient au pays en 1873. Il fait ses études d’abord au Séminaire de Saint-Hyacinthe puis au Collège Sainte-Marie-de-Monnoir à Marieville. Il est ensuite admis au Barreau. Il exerce sa profession d’avocat à Saint-Hyacinthe en s’associant à l’Étude Blanchet, Beauregard & Delage, au 167 de la rue Girouard, angle Saint-Denis. En 1887, il épouse Agnès (Aggie) Logan, d’origine irlandaise. Bientôt, il devient le procureur de la ville. Il sera échevin du quartier numéro 3 de 1899 à 1901. Libéral convaincu, il se présente d’abord au provincial comme député de Bagot en 1897 mais il est défait par Milton MacDonald qui l’emporte par une courte majorité de 47 voix. En février 1904, lors d’une élection partielle, il se présente cette fois au fédéral contre le conservateur Jean de La Broquerie Taché, propriétaire du journal Le Courrier de Saint-Hyacinthe. Blanchet l’emporte sur son rival par une majorité de 193 voix. De La Broquerie Taché prétend que Blanchet a été élu grâce au vote des citoyens de la ville de Saint-Hyacinthe, une importante tempête de neige ayant empêché les conservateurs de la campagne de se rendre aux urnes.

Jean-Baptiste Blanchet
Jean-Baptiste Blanchet. Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH085 Studio B.J. Hébert.

On dit de Jean-Baptiste Blanchet qu’il est un travailleur infatigable et un homme très sympathique. Dans son histoire de Saint-Hyacinthe, Mgr Choquette le qualifie de boute-en-train aimant rire et jouant souvent des tours à ses amis. Il s’est fait connaitre à Saint-Hyacinthe en parvenant à faire chasser de la ville le juge Tellier qu’il accusa, avec des collègues, de partialité. Il parvient à prouver que le juge Tellier, conservateur, faisait perdre presque tous leurs procès aux avocats libéraux. Ce pari était risqué car Blanchet aurait pu être accusé d’outrage à la magistrature mais il sort victorieux de la manœuvre.

Le dimanche, après la messe, plusieurs libéraux de la ville se réunissent chez Blanchet pour discuter de l’actualité. Ces réunions sont surnommées « La petite messe » et durent jusqu’au décès du député. Dans ses mémoires, Télesphore-Damien Bouchard souligne que Blanchet est un libre-penseur et qu’il est, à l’époque, le chef de file des libéraux à Saint-Hyacinthe. Il prône la non-intervention de l’Église dans les affaires de l’État.

Sa mort brutale survient six mois et demi seulement après son élection. On dit que ses funérailles attirent une foule record à Saint-Hyacinthe.

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