Article paru dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 15 juillet 2021
Catégorie: Catastrophes
Sous-catégorie: Incendies
Auteur: Vincent Bernard
Par son ampleur, l’incendie du 3 septembre 1876 marque non seulement l’imaginaire des Maskoutains, mais également les fondements de la municipalité.
Ayant consumé la majorité des bâtiments situés entre la rue Girouard et la rivière Yamaska, le feu n’épargne qu’une trentaine d’édifices. Entre 600 et 800 bâtiments – incluant maisons, banques, commerces, manufactures et hôtels – sont emportés par le brasier. Bien que près de 4 000 personnes se retrouvent sans abri au lendemain de la tragédie, aucune perte de vie n’est recensée.
Dans les jours qui suivent le feu, des soupçons pèsent sur un dénommé Magloire Blanchette. À la lumière d’un procès se déroulant à la Cour du banc de la reine au palais de justice de Saint-Hyacinthe, le juge Louis-Victor Sicotte le condamne au pénitencier pour sept ans. Afin de récolter l’argent de ses assurances, Blanchette aurait volontairement incendié le grenier d’une étable située à l’arrière d’une cour de la rue des Cascades près de la rue Hôtel-Dieu.
C’est vers 13 h 30 que l’incendie criminel se déclare. Selon les souvenirs de Mgr Charles-Philippe Choquette présent lors de cette terrible journée : « Le malheur dépassa l’imagination! Au son du tocsin, la foule accourt; les pompiers volontaires amènent leurs pompes à bras, mais, horreur, l’aqueduc est en réparation et l’eau manque totalement ». Le bâtiment d’où le feu émerge et ceux avoisinants étant en bois, le brasier se répand rapidement. Le Courrier de Saint-Hyacinthe précise qu’à ce moment, il est impossible : « […] de se rendre maitre de l’incendie et lorsque l’aqueduc put fonctionner le théâtre de la dévastation était trop agrandi pour pouvoir le circonscrire. On peut dire qu’alors ce fût un sauve-qui-peut général. Le vent qui s’étant élevé portait les flammèches, à une grande distance ».
En fin d’après-midi, deux pompes à vapeur arrivent de Montréal. L’une sert à protéger l’ouest de la ville, dont la Compagnie de chaussures de Saint-Hyacinthe située au coin des rues Saint-Antoine et Hôtel-Dieu, et l’autre s’installe au coin de la Concorde et Saint-Antoine. Les flammes cessent finalement de se répandre en soirée, faute de bois à brûler. Durant la journée, les communautés religieuses apportent de l’aide aux sinistrés. Elles prêtent main forte pour transporter des objets et leur offrent refuge. Plusieurs victimes de l’incendie passent la nuit dans les églises de la région.
Dans les années 1980, afin de perpétuer le souvenir de ce terrible événement, le conseil municipal adopte une résolution dans laquelle il nomme la ruelle qui débouche sur la rue Saint-Denis : Ruelle du 3-Septembre. C’est à la suite de cet incendie que la Ville de Saint-Hyacinthe adopte sa devise actuelle : « Nous revivons par amour et courage ».