Le Jour de la Victoire à Saint-Hyacinthe

Catégorie: Guerres

Sous-catégorie: Deuxième Guerre mondiale

Auteur: Paul Foisy

Il y a 78 ans, l’Allemagne capitulait face aux alliés. La guerre était terminée en Europe! Nous avons tous vu des photographies de milliers de personnes célébrant la fin de la guerre. Mais qu’en est-il à Saint-Hyacinthe? De quelles façons nos prédécesseurs ont-ils souligné cet événement qui a marqué le retour de la paix? Allons voir du côté des journaux maskoutains pour obtenir des réponses.

Dans l’édition du journal Le Courrier de Saint-Hyacinthe du 11 mai 1945, à la page frontispice, cette nouvelle partage l’espace avec d’autres événements comme le programme du 40e anniversaire du Patronage, l’ordination d’un Maskoutain à Ottawa, le résultat des élections à La Providence et à Saint-Joseph et quelques autres faits divers.

La nouvelle est beaucoup plus importante dans Le Clairon du 11 mai 1945, car le journal titre sur huit colonnes en haut de page « Victoire alliée en Europe ». En plus de publier un article sur l’événement, ce journal consacre la page une à sept autres articles ou entrefilets qui concernent le domaine militaire.

On célèbre la paix!
La nouvelle de la fin de la guerre parvient à Saint-Hyacinthe lundi le 7 mai. « Dès que la radio eut annoncé la reddition de l’Allemagne, les citoyens de notre ville commencèrent à pavoiser. À 11 heures 30 lundi, les cloches des églises et les sifflets des usines se firent entendre durant un quart d’heure. » (1) Selon Le Clairon, « la population exubérante de joie, a décoré tous les immeubles et les édifices. Les drapeaux et les banderoles se multipliaient aux murs, sur le gazon, aux mâts, sur les automobiles, dans les mains des passants, partout, tandis que la foule se faisait de plus en plus dense. » (2)

En après-midi les commerces et les usines sont fermés. Les Maskoutains se réunissent spontanément sur la rue Cascades, sur la place du Marché et face au poste de police qui était situé entre les rues Duclos et Sainte-Marie. « Lundi soir, à certains moments on avait peine à circuler dans la partie centrale de notre ville tant il y avait de monde; et tous ces gens criaient, chantaient, et dansaient puisque l’on avait installé, à divers endroits près de la place du Marché, des haut-parleurs qui diffusaient une musique dont le rythme entrainait militaires et civils dans une danse générale dans la rue. » (3) Pour ajouter à l’atmosphère festive, la Philharmonique donne un concert au parc Dessaulles. Au cours de la journée, des marchands de la ville décorent leurs vitrines à l’occasion de la Victoire.

Groupe des officiers de la réserve du régiment de Saint-Hyacinthe en 1945. Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH355 Victor Chabot. Le juge Chabot est le quatrième à partir de la gauche, 1ère rangée.
Groupe des officiers de la réserve du régiment de Saint-Hyacinthe en 1945. Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH355 Victor Chabot. Le juge Chabot est le quatrième à partir de la gauche, 1ère rangée.

Le Jour de la Victoire
La journée du 8 mai 1945, le Jour de la Victoire, est déclarée fête civique par le gouvernement fédéral. À Saint-Hyacinthe, la journée commence à 9 heures par une messe dans toutes les églises de la ville. « Un Te Deum d’Actions de Grâces fut chanté à la gloire de Dieu qui a accordé la victoire aux armes Alliées », indique Le Clairon. À la Cathédrale, c’est Mgr Arthur Douville, évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe qui célèbre la messe et prononce une allocution de circonstance. En dépit des messes célébrées le Jour de la Victoire, la Chancellerie du diocèse de Saint-Hyacinthe fait savoir que dimanche le 13 mai sera un jour d’Actions de Grâces pour commémorer la victoire. « Après la grand’messe, dans toutes les églises et chapelles où se fait l’Office divin, on chantera un Te Deum s’il n’a pas été chanté le 8. Le soir, Heure Sainte solennelle. » (4)

En après-midi, une grande parade dans les rues de la ville est prévue à 15 heures. Malheureusement, le mauvais temps et la pluie font en sorte que le Comité de célébration, codirigé par Paul-É. Poirier et B.-X.-C. Bailey, reporte l’événement à 19 heures. « À l’heure fixée, un imposant défilé, formé d’unités de l’armée, la marine et l’aviation, et autres organismes de la ville suivit le parcours de la rue Dessaulles, Désaulniers, Girouard, Bourdages, des Cascades, Sainte-Marie, Calixa-Lavallée, jusqu’à l’estrade érigée en face de l’édifice de la Banque du Commerce. » (5)

Sur l’estrade qui est située sur la rue Girouard entre le parc Dessaulles et la banque, on remarque le sénateur T.-D. Bouchard et les députés Ernest-J. Chartier et T.A. Fontaine. Plusieurs officiers du Régiment de Saint-Hyacinthe sont aussi présents dont les colonels L. Payan et R. Hamel ainsi que le Lt-Col. R. Pothier. Ce dernier présente le major Alphonse Claude Labossière, aumônier militaire originaire de Saint-Hyacinthe qui vient de rentrer au pays après avoir fait les campagnes d’Angleterre, d’Afrique du Nord et d’Italie. Dans son allocution, il souligne la participation des militaires « qui nous ont apporté, par le sacrifice généreux de leur vie, les fruits de la Victoire actuelle, tout comme le président Roosevelt, tombé lui aussi à la tâche, et tous les héros obscurs mais combien utiles de cette guerre, [que] nous nous devons de ne jamais oublier. Et puissent le sang, les peines, les misères et les deuils de cette guerre n’avoir pas été vains! Puissent-ils enfin apporter au monde un régime de PAIX basée sur une charité vraiment chrétienne! » (6)

Voilà, en résumé, ce qui s’est passé à Saint-Hyacinthe les 7 et 8 mai 1945, lors de ces deux jours mémorables qui ont marqué l’histoire. Comme partout ailleurs, les Maskoutains étaient heureux de célébrer la paix.

Notes
(1) « La victoire en Europe provoque dans notre ville un enthousiasme qui ne se démentit pas un moment ». Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 11 mai 1945, p. 1.
(2) « Victoire alliée en Europe ». Le Clairon, 11 mai 1945, p. 1.
(3) Ibidem.
(4) « Communiqué de la Chancellerie du diocèse ». Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 11 mai 1945 p. 1.
(5) « La victoire en Europe provoque dans notre ville un enthousiasme qui ne se démentit pas un moment ». Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 11 mai 1945, p. 1.
(6) Ibidem.

Partagez cette histoire