Au tournant des années 1950, certains organisateurs commencent à présenter des épreuves de 12 milles (19,2 km). Cette distance deviendra la norme au cours de la décennie 1950. Ainsi, au cours de la période allant de 1951 à 1956, le Marathon de Saint-Hyacinthe adopte la nouvelle tendance. En 1951, Gérard Côté apporte d’autres changements à la course. Il déplace l’épreuve au Rond Laframboise sur la piste de course de chevaux. Les spectateurs, bien logés dans les estrades, pourront donc suivre l’évolution de la course en tout temps.
C’est à ce moment que l’organisateur songe à diversifier le spectacle en faisant appel à son ami Paul Picard pour présenter des épreuves en vélos : une course de 10 milles (16 km) pour le championnat de Saint-Hyacinthe; une compétition de 3 milles (4,8 km) sur route et une course d’un mille (1,6 km) pour les filles. À cela, il faut ajouter une épreuve en moto « Jaws », de 5 milles (8 km) et une course en « Whizzer » pour terminer le programme.

Parmi les 46 participants à la course, il faut noter qu’Eugène Clouette, un champion-raquetteur alors âgé de 68 ans, s’est inscrit « dans le but de promouvoir l’intérêt de la course », rappelle Le Courrier du 21 septembre 1951. Devant une foule estimée à 5 000 personnes, « le favori Valdo Lilikas, Ukrainien récemment arrivé au Canada, l’emporta haut la main dans un temps de 1 heure, 8 minutes et 22 secondes. Il donna une superbe performance et n’eût été l’état détrempé du terrain, il aurait probablement établi un record de vitesse », rappelle le journaliste du Clairon du 28 septembre 1951.
L’année 1951 se termine avec une excellente nouvelle pour la communauté sportive maskoutaine. En effet, on annonce pour le 3 mai 1952, la tenue du championnat canadien du marathon dans notre ville. Cette course de 42,2 km désignera les marathoniens qui porteront les couleurs du Canada aux Jeux olympiques d’Helsinki.
Le championnat canadien de 1952
Dès le début de 1952, Gérard Côté consacre une grande partie de ses efforts à la préparation de ce marathon. Dès la mi-février, le parcours du marathon est rendu public. Le départ s’effectuera à Marieville. Les coureurs se dirigeront vers Rougemont, Saint-Damase, avant de terminer au centre-ville de Saint-Hyacinthe. Mais avant de franchir la ligne d’arrivée, ils devront effectuer 17 tours du parc Dessaulles. Ce genre de parcours, semblable à celui de Boston, en ce sens qu’il s’agit d’un aller seulement, requiert la complicité de toutes les municipalités concernées. L’aide de la police demeure essentielle, car la circulation automobile sur la route devra être contrôlée pendant la course. Il en va de même pour les rues entourant le parc Dessaulles.
Le 3 mai 1952, quelques heures avant le début de la course couronnant le champion canadien et désignant les marathoniens qui porteront les couleurs du Canada aux Jeux olympiques d’Helsinki, le Dr Hervé Gagnon, confortablement installé à l’hôtel Bessette de Marieville, examine tous les coureurs. Alors que le médecin s’active et que les coureurs se préparent, la foule converge vers le point de départ. L’estrade d’honneur accueille les dignitaires et les officiels de la course. Lorsque Raoul Daigneault, maire de Marieville, donne le signal du départ, un peloton formé de 37 coureurs s’élance en direction de Rougemont.

Au premier poste de ravitaillement, Lionel Nesbitt, de Toronto, occupe la position de tête. Il est suivi par un groupe de cinq coureurs, formé de Paul Collins, Bill Sheridan, Lloyd Evans, George Crane et Gérard Côté. Peu après le passage du huitième kilomètre, Paul Collins, le champion canadien en titre, s’empare de la première place. Tout au long du parcours, il refuse l’eau et les oranges offertes par les bénévoles. Sur les routes de campagne, Gérard Côté passe de la quatrième à la troisième place. Lorsqu’il arrive à Saint-Hyacinthe, il occupe la deuxième position.
Les coureurs doivent alors effectuer 17 tours du parc Dessaulles. Grâce à des efforts soutenus, Edo Romagnoli, un robuste policier de New York, parvient à dépasser le Maskoutain. Paul Collins franchit le fil d’arrivée, suivi de l’Américain et du Maskoutain qui termine la course en 2 h 49 min 18 s, à quatre minutes du champion. Malgré tout, la joie est palpable au sein de l’entourage du héros local. Il a atteint son objectif, car une deuxième position chez les Canadiens laisse présager une participation aux Jeux olympiques d’Helsinki.
Au terme de ce marathon, neuf coureurs ont abandonné, tandis que les temps d’arrivée varient entre 2 h 45 et 4 h 15. Après l’épreuve, la Commission industrielle et la Chambre de Commerce de Saint-Hyacinthe convient tous les participants et bénévoles à une réception, où l’on effectue la remise des médailles et de nombreux prix généreusement offerts par des commerçants de Saint-Hyacinthe et de Marieville.
Prochain article: Le Marathon de Saint-Hyacinthe devient un marathon complet!
D’après deux articles de Paul Foisy, publiés dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe les 5 et 12 mai 2016.