Texte paru dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 6 octobre 2004
Auteur: Grégoire Girard
Monsieur Benoit Benoit, alors président des compagnies d’assurances générales « Groupe Commerce » et membre de la Société d’histoire de Saint-Hyacinthe avait effectué des recherches à ce sujet au cours de l’année 1976. Il les évoque comme suit :
« Il y avait à la fin du siècle dernier sept endroits à St-Hyacinthe-le-Confesseur où l’eau jaillissait de terre à l’état naturel ou d’un tuyau de deux pouces enfoncé à une profondeur de cinquante à soixante pieds. Cette eau était salée et le goût était différent à chacune de ces eaux. L’une était comme de la saumure, tandis qu’une autre était douce à boire. Certaines goûtaient le souffre (on disait le bois pourri). L’eau qui servit longtemps à fabriquer l’eau minérale Philudor était saline mais d’un goût agréable. C’est pourquoi, losqu’après avoir été filtrée et gazée pour être embouteillée, elle était très en vogue, non seulement à St-Hyacinthe, mais dans tout le Canada […].
Le Courrier de Saint-Hyacinthe du 17 mars 1888 rapporte que l’entreprise qui exploitait cette eau minérale, la Compagnie d’Eau Minérale de St-Hyacinthe, avait signé un contrat avec l’agence de MM. Dufresne et Mongenais pour la vente, dans tout le Dominion, de la célèbre eau Philudor.
«L’eau des salines, continue M. Benoit, était transportée dans un grand tonneau reposant sur une voiture à deux grosses roues tirée par un cheval […]. L’eau était puisée sur la terre de M. Napoléon Solis, dont le fils qui s’appelle lui aussi Napoléon comme son père, habite encore la maison sur cette même terre, tout près de la route Trans-Canada. Il raconte qu’il a planté un tuyau de 60 pieds de profondeur avec une masse de bois et l’eau qui se déverse de cette nouvelle source est moins salée que celle dont on parle précédemment. Elle fournit 2½ gallons à la minute par simple force de gravité et sans pompage […]. Les salines dont on parle au début se retrouvaient sur les terres de Messieurs Bergeron, Plamondon, Solis et Guillemette», immédiatement à l’est des terrains acquis de l’Oeuvre Antoine Girouard.
Les gens de notre génération qui ont fait leurs études au Séminaire se souviendront avec beaucoup de plaisir des excursions de fins d’année scolaire que les professeurs organisaient pour leurs élèves à l’extrémité nord de la terre du Séminaire. À cet endroit, se trouvait et se trouve encore une forêt entrecoupée de grandes coulées et des sentiers descendaient vers cette populaire source où jaillissait au sommet d’un vieux tuyau de deux pouces une eau salée. Cet endroit et le milieu environnant maintenant aménagé en parc urbain que l’on atteignait après une marche enthousiaste de quelque deux kilomètres en s’accompagnant des chants de La Bonne Chanson est connu depuis des temps immémoriaux sous le nom de Les Salines.
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Un parc presqu’entièrement boisé
La première partie du parc jusqu’à la deuxième coulée est couverte d’une jeune forêt dont les sujets sont demeurés en place ou ont poussé après l’exploitation du début des années 1970. Elle atteint déjà une quinzaine de mètres de hauteur et on peut noter la présence de beaucoup de trembles dont la semence légère, facilement transportée par le vent, est la première à s’implanter après un incendie ou une coupe intense de tous les grands arbres. On y voit déjà des essences de grande valeur comme l’érable, le chêne, le hêtre, le frêne, le merisier, quelques pruches et sapins qui prendront leur essor lorsque les espèces de transition comme le tremble et le bouleau gris tomberont dans une quinzaine d’années. Les pins blancs, cependant, sont beaucoup plus lents à revenir et devront peut-être replantés pour revivre à cet endroit.
La seconde partie du parc, au-delà de la deuxième coulée, est couverte d’une vieille forêt comme celle qui se trouve aussi sur les abouts des terres du Rapide Plat Nord qui bornent le parc du côté Est. Il s’agit d’un riche boisé composé d’un mélange de résineux et de feuillus comme le pin blanc, l’épinette, le sapin, la pruche, l’érable, le chêne, le merisier, le hêtre, le frêne, le tilleul et même quelques ostryers appelés aussi bois dur ou bois de fer que nos ancêtres utilisaient pour fabriquer des manches d’outils, des leviers, des essieux. À l’occasion, on y aperçoit des chevreuils qui en sortent pour aller manger dans les champs voisins ou pour se promener sur les sentiers de ski, en hiver.
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Aménagement du parc
Dès l’acquisition du parc Les Salines des travaux d’aménagement ont été entrepris sous forme d’un premier nettoyage du sous-bois effectué dans le cadre d’un programme d’entraînement pour étudiants sous la conduite du 6ième Bataillon du Royal 22ième Régiment. En décembre 1975, le Service de la Récréation mit sur pied un comité d’étude afin d’élaborer un projet d’utilisation du parc : dès le début, le comité proposait de répondre aux besoins des loisirs familiaux et de rendre le milieu accessible à tous les groupes d’âge de la Ville et de la région. Sa vocation de centre de plein air devait favoriser les activités physiques, culturelles et sociales. À cette fin, des sentiers de marche et de ski de fond ont été aménagés et identifiés, des ponceaux ont été construits sur les ruisseaux, un affichage approprié a été installé pour orienter les usagers, et le chalet a été renové pour les besoins de la clientèle.
En 1987, la ville obtenait du ministère des Loisirs, de la Chasse et de la Pêche un octroi de 24 000 $ pour l’éclairage des sentiers du parc. Le Club Optimiste de Saint-Hyacinthe avait aussi offert à la ville une contribution de 5 000 $. Avec un tel support, la Ville décidait donc de combler le reste du montant requis de 60 000 $ pour entreprendre l’éclairage des pistes sur une longueur de 4.5 kilomètres.