Les débuts de l’Hôpital Saint-Charles

Paru dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 30 juillet 1975

Catégorie: Santé

Sous-catégorie: Hôpitaux

Auteur: Gilles Brien

Au début du XIXe siècle, la fondation d’un hôpital s’imposait à Saint-Hyacinthe, depuis longtemps. Les institutions du genre étaient encore rares dans la province, sauf dans les grandes villes. Depuis sa fondation en 1840, l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe recevait, éventuellement, les malades qui s’y présentaient, mais cette Maison, consacrée à des œuvres diverses, n’avait ni l’espace, ni l’équipement requis pour dispenser les soins médicaux demandés.

Outre le désir de satisfaire à une demande locale, les Sœurs Grises de Saint-Hyacinthe, qui dirigeaient déjà l’Hôtel-Dieu, avaient un motif d’ordre plus général pour souhaiter la fondation d’un hôpital. Déjà, aux États-Unis, elles avaient accepté la direction d’hôpitaux. Alors, pour la formation adéquate des hospitalières, un champ d’expérience et d’entraînement s’imposait pour la Maison-Mère. On l’aurait, à la portée de la main, puisqu’on allait le trouver dans le nouvel hôpital.

Le projet plut à la population de Saint-Hyacinthe, particulièrement aux médecins et au clergé, toujours à l’avant-garde du progrès. L’évêque du temps, Monseigneur Louis-Zéphirin Moreau, et son coadjuteur, Monseigneur Maxime Decelles, donnèrent, non seulement leur approbation au projet, mais ils lui accordèrent un appui financier appréciable et le patronage et le dévouement d’une forte personnalité ecclésiastique de l’époque: monsieur le chanoine Charles-Agapit Beaudry.

le chanoine Charles-Agapit Beaudry
Le chanoine Charles-Agapit Beaudry. Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH001 Séminaire de Saint-Hyacinthe.

Depuis 1895, les Sœurs Grises étaient les propriétaires de l’Hospice Saint-Antoine sis à l’angle des rues Dessaulles et Sainte-Anne. Jusqu’en 1880, cette construction avait servi de cathédrale à Saint-Hyacinthe puis, les ressources du diocèse permettant d’édifier une église-mère plus considérable, elle avait été vendue à monsieur Eusèbe Brodeur, qui en fit une manufacture d’orgues. Puis, les Sœurs Grises l’achetèrent et en firent la Maison Saint-Antoine. Soulignons qu’elle avait d’abord été convertie en logements avant de devenir une maison de pension pour personnes âgées avec une partie en retraite pour les ecclésiastiques. C’est dans la partie réservée aux pensionnaires que devait s’élever le premier hôpital de Saint-Hyacinthe.

Aidé du Docteur Eugène Turcot, M. le Chanoine Charles A. Beaudry prépara les plans devant servir à la transformation de l’édifice afin de le rendre plus convenable à sa nouvelle vocation. On se borna, d’abord, à l’essentiel : quelques chambres privées, quatre salles communes de quatre lits chacune, une salle d’opération, une chambre d’ophtalmologie, une salle de consultation. La lumière électrique, luxe pour l’époque, fut introduite dans toutes les pièces et des cloches d’appel correspondant à un tableau indicateur, furent installées à chaque lit. C’était là un don de M. l’abbé James Chaffers, chapelain de l’Hôtel-Dieu.

Hôpital Saint-Charles
Hôpital Saint-Charles vers 1912. Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH085 Studio B.J. Hébert, photographe.

Le premier hôpital de Saint-Hyacinthe fut inauguré le 1er juin 1902. En reconnaissance des services rendus par le chanoine Charles-Agapit Beaudry, considéré à bon droit comme le fondateur de l’œuvre naissante, les supérieurs de l’époque donnèrent à la nouvelle institution le nom de : St-Charles.

Tout en demeurant sous la dépendance de l’Hôtel-Dieu, le nouvel hôpital eut néanmoins son administration distincte.

La première Supérieure de l’Hôpital St-Charles fut Sœur Bousquet. Un personnel de six religieuses assurait le service de celui-là. Les débuts furent modestes : de juin 1902 à janvier 1903, 60 malades furent admis; de 1903 à 1904, il y eut 149 patients; de 1904 à 1905 ; 154 malades internes et 266 malades externes.

En prévision de l’ouverture de l’hôpital de notre ville, un cours de gardes-malades avait été inauguré à l’Hôtel-Dieu dès 1901 par les religieuses hospitalières. Sœur Ste-Rose-de-Lima en fut la première directrice et les médecins de Saint-Hyacinthe, les premiers professeurs. L’œuvre était lancée. Et l’on peut dire que ses deux indéfectibles soutiens furent, au point de vue médical, les docteurs L.A. Beaudry et Eugène Turcot.

 

 

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