Peu de gens savent que le marathonien Gérard Côté, en plus de briller sur la scène internationale, a consacré une bonne partie de sa vie à organiser une épreuve de course à pied dans les rues de notre ville. Cette épreuve, qui s’est déroulée de 1947 à 1975, portait le nom de Marathon de Saint-Hyacinthe.
Saint-Hyacinthe, capitale de la course à pied? L’expression peut sembler un peu forte. Cependant, pour celui qui s’intéresse à l’histoire de cette discipline sportive, la conclusion est évidente : nulle autre ville québécoise n’a été en mesure de présenter un évènement d’une telle envergure au cours de la période d’après-guerre. Au Québec, la révolution du jogging qui survient au cours de la décennie 1970, la tenue des Jeux olympiques, en 1976, et la présentation du premier Marathon de Montréal, en 1979, font en sorte que Montréal redevient la plaque tournante de la course à pied. Mais auparavant, c’est à Saint-Hyacinthe que les meilleurs coureurs nord-américains se donnaient rendez-vous.

D’abord, une épreuve en raquettes
Lors des trois premières années de son existence, le Marathon de Saint-Hyacinthe est une course en raquettes de 10 milles (16 kilomètres). L’affaire débute à la fin de l’année 1946, alors que le club de raquetteurs maskoutains « Yamaska » donne une fête en l’honneur de Gérard Côté qui vient de remporter une troisième victoire à Yonkers, ce qui fait de lui le champion américain. Quelques semaines plus tard, les journaux locaux annoncent qu’une grande épreuve d’endurance en raquettes, le Marathon de Saint-Hyacinthe, sera courue dans les rues de notre ville le 18 janvier. Cet évènement sera organisé par Gérard Côté pour le compte du club de raquetteurs « Yamaska », dont le président est le fleuriste Césaire Vermeersch.
Le parcours de cette épreuve est le suivant : départ sur la rue Cascades en face du marché; pont Barsalou vers La Providence; rue Saint-Pierre vers Saint-Joseph jusqu’à la rue Saint-Louis; pont Bouchard et retour vers le marché. Pour compléter la distance, les athlètes doivent faire le tour des « trois ponts » à cinq reprises, ce qui permet à la foule massée au centre-ville et ici et là le long des rues de voir la progression des raquetteurs.
Pour assurer le succès de l’évènement, Gérard Côté fait appel à ses amis pour former une équipe de bénévoles réunissant Maurice Bienvenue, Paul Picard et quelques autres. La course est homologuée par l’Union canadienne des raquetteurs. On compte sur la présence du maire Ernest-O. Picard accompagné du député fédéral Joseph Fontaine et du député provincial Ernest-J. Chartier qui « donneront tour à tour le signal de départ des divers concurrents qui, on le sait, jouiront d’une avance de deux à six minutes sur leurs plus dangereux rivaux, les fameux Gérard Côté, de Saint-Hyacinthe, et Lloyd Evans, de Montréal, qui partiront les derniers », note le rédacteur du Clairon du 10 janvier 1947.

En soirée, on organise une réception officielle en l’honneur des participants au Club nautique, où se trouve le local du « Yamaska ». Puisqu’il s’agit d’une course amateur, on ne remet pas de bourse en argent, mais une variété de prix : rasoir, cadran, lampe et chaufferette électriques, coffret de 1 000 cigarettes, boite de 50 cigares, des pantoufles, une descente de bain, un cendrier, une pipe de bruyère, une cravate et une plume de marque Parker. Au niveau des résultats, les courses de 1947, 1948 et 1949, remportées par Lloyd Evans, démontrent la supériorité de ce Montréalais qui demeure imbattable en raquettes à la fin des années 1940.
Prochain article: Le Marathon de Saint-Hyacinthe : de la raquette à la course à pied!
D’après un article de Paul Foisy, publié dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 21 avril 2016.