Les Fêtes…dans le temps!

Article paru dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe le 3 janvier 2013

Catégorie: Temps des Fêtes

Auteur: Jean Lafond

Nous présentons des extraits des Mémoires du Dr Jean Lafond, originaire d’Acton Vale, qui, tout comme sa sœur Juliette Lassonde, a marqué la vie maskoutaine. Le Dr Lafond nous fait vivre les Fêtes vers 1920.

Noël

« Mes parents étaient profondément chrétiens et leurs exemples ont été des inspirations pour nous tous. La messe du dimanche et des jours de fêtes, l’observance du carême, la prière du soir, le Bénédicité et les Grâces étaient, non des habitudes routinières, mais des expressions de foi profonde.

Dans mon enfance, la fête de Noël était une fête religieuse; la population presque entière assistait à la Messe de Minuit, l’église était remplie à craquer et on notait une grande ferveur religieuse chez tous les assistants. À la première messe, une Grand-messe, le chant grégorien, pratiqué pendant plusieurs semaines par le chœur, était exécuté avec brio sinon avec art. Aux deux messes basses, les différents cantiques de Noël étaient chantés par toute l’assistance. La plupart assistaient aux trois messes.

Après la messe, en groupe, on revenait à la maison et avec les invités avait lieu le réveillon. On faisait honneur aux tourtières, au ragoût, aux pâtés, aux tartes et gâteaux de toutes sortes. Puis, après un brin de causette, vers les quatre heures, tous allaient se coucher.

Le soir de Noël, la réunion se faisait chez les grands-parents maternels; la dinde traditionnelle charmait les palais de chacun et les desserts spéciaux de grand-maman étaient dégustés avec voracité.

Le jour de l’An
Ce jour était le jour de fête des enfants car les cadeaux se donnaient ce jour-là et c’était aussi le jour de fête de la parenté car les visites pour les souhaits de bonne année se faisaient au Jour de l’An. Souvent aussi on profitait de cette journée pour se réconcilier quand il y avait eu des chicanes au cours de l’année. Les cadeaux avaient été achetés et remisés dans des cachettes introuvables. Durant la soirée et la nuit, quand nous étions endormis, nos parents enveloppaient les cadeaux et les disposaient pour nous.

Au début de nos jeunes années, il n’y avait pas d’arbre de Noël; nous pendions des grands bas au mur du salon ou à la porte d’arche et les cadeaux peu coûteux mais très utiles étaient placés dans le bas ou au pied de chaque bas. Les chandails, les tuques, les gourets, les patins, les poupées, etc., nous remplissaient de bonheur.

Au petit jour, le premier qui s’éveillait descendait, faisait le tour des cadeaux et remontait réveiller les autres. Les cris de joie tiraient nos parents de leur sommeil et ils venaient nous rejoindre et recevoir nos remerciements. C’est alors que toute la famille se mettait à genoux et que l’aîné (moi) demandait à papa sa «Bénédiction»; d’un grand geste de croix au-dessus de nos têtes, il nous faisait ses vœux de bonne année.

Au Jour de l’An, nos parents et les aînés de la famille allions à Fulford chez les grands-parents Lafond; nous prenions le train à la gare du C.P.R. vers 9.30 heures pour se rendre à Foster où nous changions de train et, par la grande ligne, arrivions à Fulford vers 11.30 heures.

Dans ce coin de notre pays, il y a soixante ans, il y avait beaucoup d’Anglais protestants qui ne fêtaient pas le Jour de l’An; aussi, nous étions surpris de les voir travailler autour de leur maison. Mon oncle Adélard nous attendait à la gare et, après avoir parcouru un mille dans la berline à cloches, on arrivait chez le grand-père.

Nos tantes Marie et Ernestine étaient déjà arrivées, avec leurs enfants, et les souhaits et embrassades de tout ce beau monde se succédaient; celles des jolies cousines étant particulièrement appréciées.

La grand-mère, un tantinet haïssable, était pourtant une excellente cuisinière; elle était bien préparée et rien ne manquait au festin pour satisfaire pleinement une trentaine de convives tous très affamés.

Dans l’après-midi, on passait en revue les évènements survenus dans la vie des familles au cours de l’année et chacun apportait ses commentaires. Aussi, quand sonnait l’heure du départ, nous connaissions l’histoire des familles. Nous faisions à l’envers le trajet du matin et étions de retour à la maison vers 20 heures; la fatigue nous gagnait mais le bonheur nous remplissait l’âme. »

Photo de couverture: Noël chez Germain Fréchette en 1955. Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH193 Studio Candide Charpentier.

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