Catégorie: Catastrophes
Sous-catégorie: Incendies
Auteur: Vincent Bernard
C’est durant la nuit glaciale du lundi 17 au mardi 18 janvier 1938 que survient la terrible tragédie qui coûte la vie à cinq frères et 41 pensionnaires du Collège Sacré-Coeur à Saint-Hyacinthe. Vers 1h40, une demi-heure après que le gardien Marcel Quesnel ait effectué son dernier tour de garde, une explosion réveille les 31 religieux et les quelques 90 élèves qui dorment dans différents locaux du collège. Selon les propos du journaliste de La Patrie, un chaos s’installe rapidement : « Les murs et les lits furent secoués et tous sautèrent de leur lit avec des figures effarées et coururent en tous sens en vêtement (de nuit) et nu-pieds. […] La confusion dégénéra en quelques secondes en une panique générale. Quelques-uns se dirigèrent vers l’échelle de sauvetage tandis que d’autres montèrent sur le toit ».
À 2h03, un voisin du collège sonne l’alarme afin d’avertir le service de sécurité incendie. Selon Adjutor Bourgeois, chef du service, l’alarme fut donnée trop tard. À leur arrivée, les pompiers ne peuvent même pas pénétrer dans l’édifice. Pendant ce temps à l’intérieur, la situation est effroyable, comme le rapporte le journaliste du Courrier de Saint-Hyacinthe : « Affolés par les flammes, suffoqués par la fumée, élèves et professeurs se précipitèrent vers les fenêtres et les escaliers de sauvetage, un bon nombre s’échappant au prix de douloureuses brûlures et de blessures. Les uns utilisèrent les escaliers de sauvetage, qui devinrent bientôt brûlants et ne purent plus rendre service, les autres sautèrent par les fenêtres. La toiture et les divers étages s’effondrèrent tout à coup, une demi-heure environ après la première alarme, et les enfants qu’on apercevait aux fenêtres, criant au secours et suppliant qu’on leur vînt en aide, disparurent dans un gouffre ardent ».
Malgré leurs efforts, les membres du service incendie restent impuissants devant le brasier. Tout autour, pompiers, voisins et frères s’occupent des rescapés. Certains sont acheminés vers les maisons à proximité, d’autres, plus mal-en-point, sont conduits à l’hôpital Saint-Charles. Dès le petit matin, la presque totalité du collège est en cendre – il ne reste que quelques murs et une partie de la chapelle située à l’arrière de la bâtisse.
Les jours qui suivent sont remplis d’angoisse pour les familles des victimes disparues. Le 28 janvier, les recherches dans les décombres cessent, alors que 13 dépouilles sont toujours manquantes. Entre-temps, plusieurs services funèbres sont célébrés à Saint-Hyacinthe pour rendre un dernier hommage aux victimes. Le 5 février, le coroner dépose son rapport dans lequel il précise qu’il s’agit de morts accidentelles et que la cause de l’incendie demeure inconnue.
Le journaliste du Courrier résume ainsi la fin du sombre chapitre de cette froide et tragique nuit de janvier 1938 : « les ruines du collège Sacré-Cœur subsistent, éparses et se recouvrant de neige, comme témoins d’un des grands drames de notre époque ».