Les conditions de travail dans les usines des premières heures de l’industrialisation ne sont pas séduisantes. Les ouvriers n’ont ni assurance chômage, ni aucune forme de protection et travaillent souvent dans un environnement dangereux.
Les conditions de travail dans les usines de Saint-Hyacinthe sont mises au jour au cours des travaux de la Commission Royale d’Enquête sur le Capital et le Travail. Cette commission a été mise sur pied au Canada de 1886 à 1889 par le gouvernement de John Alexander McDonald. Elle vise à étudier les conditions de travail des prolétaires dans les manufactures de plusieurs villes du Canada.
C’est en 1888 que la Commission s’arrête à Saint-Hyacinthe démontrant le caractère industriel acquis par la ville. Les commissionnaires interrogent les propriétaires des usines, ainsi que des employés qui y travaillent. Le questionnaire révèle le travail difficile des ouvriers et ouvrières dans les usines, particulièrement dans les fabriques de chaussures et dans les fabriques de textile. Mentionnons que les ouvriers maskoutains de cette époque travaillent 10 heures par jour et 59 heures par semaine, un horaire normal pour les travailleurs en usine. Il est aussi possible de travailler la nuit, auquel cas, le salaire reste le même.
Dans ces milieux, les ouvriers sont souvent payés à la « job », c’est-à-dire au nombre de bas ou de souliers qu’ils peuvent produire en une seule journée. Même s’ils sont présents à l’usine, prêts à travailler, ils ne seront pas rémunérés s’ils ne réalisent aucune pièce. Généralement, les hommes ont un salaire supérieur à celui des femmes et des enfants, et ce, pour le même travail. Hormisdas Cordeau, un travailleur de la Granite Mills avoue qu’il a un salaire habituel de 1,50 $ par jour de travail, assez pour subvenir aux besoins d’une famille modeste. Parfois, l’ouvrage se fait rare dû à des problèmes dans la chaîne de production. Durant ces moments d’inactivité, les ouvriers ne font aucune pièce et ne tirent donc aucun salaire. Aussi, il arrive que des coupures dans la chaîne de production provoquent la création de produits de moindre qualité. Ce travail « méchant », affecte les journaliers puisque les pièces à manufacturer sont davantage abimées et nécessitent plus d’attention qu’une pièce ordinaire. L’ouvrier, en s’attardant sur ces pièces défectueuses, diminue sa production et par conséquent, sa rétribution : « Le plus petit salaire que j’ai fait, j’ai travaillé trois semaines et 4 jours et demi, et j’ai fait 7,55 $ ».
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